Enjeu incontournable de nos sociétés, le logement reste l’une des préoccupations principales des Français. Il demeure le premier poste de dépenses des ménages et, selon la Fondation Abbé-Pierre, plus de 4 millions de personnes sont actuellement mal-logées dans notre pays.
Que ce soit sur le plan économique, environnemental ou social, le logement est aujourd’hui le carrefour de multiples enjeux. Et les choix politiques concernant la nature des futures constructions, comme la gestion de l’existant, sont cruciaux pour l’avenir.
37,2 millions de logements correspondent à 81,6 % de résidences principales. Au 1er janvier 2021, la part des résidences principales diminue au profit des résidences secondaires, des logements occupés occasionnellement : de la vacance qui, depuis 2006, augmente pour s’élever à 8,3 % de l’ensemble des logements, soit 3,1 millions de logements vacants.
Ce n’est donc pas par hasard si un des articles parmi les 234 de la loi ELAN du 23 novembre 2018 modifie la procédure de réquisition des logements vacants ; et cela pour permettre la mise à disposition des logements à des fins d’hébergement d’urgence de personnes sans abri. Et pourtant, les collectivités territoriales ou les préfectures n’utilisent pas cette possibilité.
Par exemple, à Grenoble, 32 logements sont promis à une association pour héberger en urgence mais pas avant juillet 2024, alors que cet immeuble est vide depuis 2014. Il a fallu que 200 personnes se rassemblent pour demander l’ouverture des logements vides de ce quartier où 24 autres logements attendent toujours un projet. « La ville de Grenoble et la préfecture n’ont pas trouvé de temps pour nous. Ils ont autre chose à faire », comme le dit une personne hébergée dans une école mobilisée et occupée.
Les conditions et difficultés de logement persistent
Tandis que l’inconfort sanitaire tend à disparaître, les mauvaises conditions de logement subsistent toujours. En effet, 19 % des ménages déclarent souffrir du froid pendant l’hiver, cette difficulté de chauffage n’est pas uniquement liée à la mauvaise isolation du logement mais surtout au coût de l’énergie. Et, 10 % sont confrontés au surpeuplement, tandis que 9 % des personnes ont été privées durablement de logement personnel par le passé.
Le coût des loyers toujours à la hausse par manque de logements sociaux
De 1984 à 2020, les loyers ont connu une hausse quasi ininterrompue. À qualité constante, ils ont été multipliés par 2,6 en 36 ans dans le secteur privé et multiplié par 2,4 dans le secteur social. En moyenne, on dépense 8,8 euros par m2 pour les locataires du secteur privé, contre 5,6 euros par m2 pour les locataires du parc social.
En janvier 2023, l’indice de référence des loyers publié au JO est de 3,5 %, un chiffre record et exceptionnellement élevé dans la suite des hausses impossibles à supporter ; et cela depuis 40 ans. La baisse des loyers est une nécessité.
Se loger, ne pas spéculer
La décision de construire un logement social est prise par une collectivité territoriale, l’État ou un organisme HLM. Que font-ils ? Si peu de chose !
Les principaux financeurs sont l’État qui se désengage, les collectivités territoriales, Action logement, surtout la Caisse des dépôts et consignations qui octroie des prêts à très long terme, jusqu’à 70 ans, en s’adossant sur les dépôts de l’épargne populaire comme le livret A. Seulement 18 % de locataires habitent un logement social, alors que selon les conditions de ressources deux tiers de la population pourrait accéder à ce type de logement. Tout est en place pour un démantèlement du secteur du logement social.
Il n’y a plus que 125 000 logements sociaux gérés par un Office public de l’habitat qui soit 100 % public. Le nombre de logements gérés par une société anonyme (SA) 100 % privé augmentent de manière régulière. Dans le top 5 des plus grands bailleurs, seul Paris Habitat est 100 % public. La marchandisation du logement est à l’œuvre… Le logement est un droit. Non à la spéculation !