Nous sommes en campagne dans cinq des sept circonscriptions métropolitaines pour les élections européennes. Nos ressources financières, exclusivement militantes, ne nous ont pas permis de faire plus et nous sommes contraints de mener avec bien peu de moyens une campagne... qui est aussi une campagne financière.
Mais c’est d’abord et avant tout une campagne politique, militante pour contrer la propagande nationaliste, plus ou moins ouvertement chauvine, que mènent les partis institutionnels. Mêmes les prétendus proeuropéens ne cessent de parler de la France : c’est au nom des intérêts de la France qu’ils agissent, c’est-à-dire des intérêts du patronat et des classes privilégiées. Ils contribuent ainsi à alimenter le fonds de commerce de Marine Le Pen.
Notre campagne est à l’opposé : nous nous voulons les porte-parole de la solidarité internationaliste des travailleuses et des travailleurs, des peuples, de celles et ceux qui n’attendent rien des jeux et manœuvres politiciens des partis institutionnels et ne comptent que sur eux-mêmes.
Cette semaine, l’Anticapitaliste a donné la parole à nos camarades candidates et candidats pour se présenter et nous présenter leur campagne.
En Île-de-France : une liste ouverte... aux mobilisations !
Conduite par Olivier Besancenot et composée de membres du NPA appartenant à différents secteurs professionnels et d’intervention, notre liste se veut également ouverte aux militantes et militants avec qui nous menons chaque jour des combats pour nos droits : Moussa Kaba, militant sans-papier régularisé, Claire Moulin, intermittente du spectacle en lutte ou bien encore Maurice Rajsfus, défenseur des libertés publiques (lire sa tribune dans notre numéro 240).
Les différents gouvernements européens et celui de Valls-Hollande en premier lieu, veulent nous faire croire qu’ils sont impuissants face aux directives austéritaires de Bruxelles, nous savons qu’ils nous mentent ! Cette Europe est leur création, elle ne fait que retranscrire la politique qu’ils mettent en place déjà, à l’échelle nationale.
Tout cela a un prix et aujourd’hui, c’est aux salariéEs que l’on demande de payer la note ! Le FN, et l’UMP et aussi la gauche libérale dans la foulée, poussent même le vice jusqu’à nous faire croire que l’ennemi du travailleur serait son collègue étranger, voire sans-papier. Mais nous le savons bien, les seuls emplois volés le sont par nos patrons et nos gouvernements, de France et d’ailleurs, qui ont fait un choix très clair : pour donner toujours plus à la finance et au capital, il faut rogner toujours davantage sur les CDI, les emplois statutaires et les salaires, bref, les droits élémentaires de la majorité d’entre nous.
Passage à l’action !
C’est dans ce cadre que notre liste a voulu faire quelques actions symboliques. Une première a eu lieu mardi 6 mai pour les deux ans de mandat de Hollande. Nous avons allumé deux fumigènes en guise de bougies d’anniversaire sur le balcon du bureau d’information du Parlement européen à Paris, pour protester contre l’agence Frontex. « Responsable de la coordination des activités des garde-frontières dans le maintien de la sécurité des frontières de l’Union avec les États non membres », cette agence est surtout responsable de milliers de morts et disparus chaque année, parmi les migrantEs.
La deuxième action s’est tenue ce samedi 10 mai devant l’hôpital Saint-Antoine à Paris afin de mettre en lumière les conséquences de la réduction des budgets hospitaliers. À Saint-Antoine, le service de maternité, où 2 500 accouchements par an étaient pratiqués, est fermé depuis 2012, tout comme la maternité de l’Hôtel-Dieu ou bien encore celle de Saint Vincent-de-Paul. Ces fermetures font partie d’un plan de restructuration de l’AP-HP engagé depuis 2010 et qui s’accompagne de la disparition des centres IVG. C’est le droit à l’avortement qui est ainsi remis en cause en France comme dans toute l’Europe sous couvert de politique d’ajustement et de rigueur.
Le 25 mai, nous vous proposons de donner votre voix à des candidatures porteuses de colère mais aussi d’espoir. En coordonnant nos combats, à l’image des postiers du 92 en grève depuis plus de 100 jours et des intermittents en lutte ; en mettant en avant un plan d’urgence pour les salariéEs, avec ou sans-papier, et avec la jeunesse, c’est par le « tous ensemble » que nous apporterons une réponse à la rigueur que nous imposent les capitalistes !
Dans le Nord-Ouest : Au cœur des luttes...
Dans ces régions de vielle industrie (Haute et Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Picardie) particulièrement touchées par les restructurations patronales et les risques industriels, nos candidates et candidats se veulent l’expression des luttes au quotidien, en particulier au sein de l’entreprise. Quatre d’entre eux en témoignent...
Christine Poupin, technicienne en informatique dans l’industrie chimique, conduit la liste. En 2009, elle avait obtenu 5,80 % des voix. Elle a débuté son engagement militant à Nantes au milieu des années 1970, rejoint le mouvement des femmes, pour le droit à l’avortement puis contre le viol et les violences conjugales.
Militante syndicale, elle est investie dans la défense des conditions de travail et de santé des salariéEs et sur les questions d’environnement et de risques industriels, particulièrement à la suite de la catastrophe causée par l’explosion de l’usine AZF de Toulouse.
Elle est membre de la direction du NPA et participe à l’animation de la commission écologie et au travail d’élaboration pour l’écosocialisme.
Pascale Montel est ouvrière chez YKK à Seclin, dans le Nord, militante CGT depuis de longues années. Fille d’un ouvrier militant socialiste, elle commence à travailler à16 ans, et milite rapidement dans le syndicat. Elle participe aux débats dans la CGT au côté des métallos du Nord qui combattent l’évolution réformiste de la confédération.
Puis, parce que « tout est politique », elle s’engage dans la LCR puis participe à la fondation du NPA. Elle sera notamment la tête de liste NPA aux élections régionales de 2010 dans le Nord-Pas-de-Calais.
Son engagement, c’est la volonté de se faire porte-parole de ceux qui travaillent, de ne pas parler à la place des autres mais pour les autres.
Thierry Philippot est ouvrier à la papeterie d’Alizay depuis 1984 (à l’époque, la Sica). À peine embauché dans ce bastion du mouvement ouvrier, il participe à trois semaines de grève qui arracheront la prime de vacances.
Il adhère à la CGT et au PCF dans la foulée. À la fin des années 90, il quitte le PCF pour la LCR. C’est un rude adversaire pour la direction suédoise, puis finlandaise de cette entreprise qui s’appelle désormais M-real. Les réalités de l’Europe capitaliste, le pouvoir illusoire des comités d’entreprise européens, Thierry connaît bien.
Ces dernières années ont été celles d’un bras de fer permanent contre le démantèlement et la fermeture programmée de l’usine. Autour du mot d’ordre « interdiction des licenciements chez M-real comme ailleurs », la lutte s’est menée pied à pied, usante, ponctuée de PSE… À noter que l’usine a maintenant redémarré, grâce à la lutte.
Régis Louail est ouvrier dans l’usine Renault de Cléon depuis 1982. Militant de la LCR, il s’engage dans la CGT de l’usine dont il devient rapidement un des animateurs.
Infatigable, il est de toutes les luttes, de celles contre les licenciements, pour l’augmentation des salaires comme au cours de la longue grève de 1991, mais aussi de la défense devant les prud’hommes.
Récemment, Régis s’est impliqué dans la dénonciation de l’organisation du travail qui a conduit ces dernières années plusieurs salariés de Renault au suicide. La destruction des collectifs de travail au moment de l’annualisation du temps de travail, l’application de l’accord de compétitivité, les divers chantages, au droit de grève, au travail posté, etc. aggravent le mal-être au travail et les risques psycho-sociaux. Et Régis n’a de cesse de mettre en cause la direction qui nie toute implication dans ces nouvelles formes d’exploitation.
Dans l’Ouest, la liste NPA/Breizhistance
Quatre bonnes raisons de voter pour notre liste dans le grand Ouest...
➽ Une liste militante
Sur la liste NPA/Breizhistance, pas de place pour les professionnels de la politique. OuvrierEs, fonctionnaires, retraités, salariéEs du privé, intermittentEs... La politique doit appartenir à celles et ceux qui produisent les richesses et ne jamais être un métier. Nous défendons ainsi la limitation des mandats et la représentation proportionnelle à chaque élection. La liste NPA/Breizhistance est composée par des gens qui se battent au quotidien pour changer la société !
➽ Porte-voix des luttes
Avec un ancien ouvrier délégué CGT comme tête de liste, un intermittent et un manifestant incarcéré pour avoir manifesté contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, notre liste se veut un porte-voix des luttes. C’est notre conception de la politique où il n’y a pas d’un côté celles et ceux qui se battent et de l’autre celles et ceux qui représentent. Le NPA et Breizhistance savent que c’est par l’action massive de toutes et tous que l’on pourra changer le système !
➽ Contre « l’Ayraultport »
Le NPA et Breizhistance sont engagés depuis le début dans la bataille contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Dans cette campagne, nous sommes les seuls à être à la fois présents sur le terrain pour empêcher la destruction de terres agricoles et le gaspillage des fonds publics et à faire le lien avec la politique globale du gouvernement qui méprise la population et nous demande de nous serrer de plus en plus la ceinture ! Parce qu’il ne peut y avoir de capitalisme vert, notre liste est la seule vraiment écologiste !
➽ Pour défendre les peuples
Face à leur Europe forteresse, nous défendons la liberté de circulation et d’installation. Quand les capitaux peuvent circuler librement sans aucun contrôle de la population, des milliers de migrants meurent dans les barbelés de Ceuta et Melila ou en pleine mer au large de nos côtes. Leur Europe ne donne pas de droits aux peuples qui veulent se déterminer librement, qu’ils soient Catalans, Basques, Corses ou Bretons ! La liste NPA/Breizhistance existe pour faire entendre le droit des peuples, de tous les peuples !
Tête de liste, tête de lutte... Pierre Le Ménahès, 55 ans, est ancien leader CGT de la SBFM de Lorient à la retraite depuis bientôt deux ans. Au-delà de la Bretagne, il s’est fait connaître en tenant tête à Nicolas Sarkozy lors d’un débat devant les caméras de TF1 en Janvier 2010. Auteur de La France d’en bas écrit suite à cette émission, son livre est un appel à la révolte, à la lutte. Un cri de dignité qui dit : « sans combat pas de victoire ». Quand on se bat jusqu’au bout, collectivement, on peut gagner...
Un candidat en prison. Notre camarade Enguerrand Delanous sera sûrement le seul candidat à ces élections à être en prison. Le 22 février dernier, des échauffourées ont éclaté lors de la manifestation nantaise contre Notre-Dame-des-Landes. L’entêtement du gouvernement à poursuivre son projet inutile en est à l’origine. Le motif de son incarcération est la présence de son ADN sur un fumigène. Le tribunal a rendu un verdict politique en infligeant 1 an de prison ferme quand le procureur ne demandait que 6 mois ! Enguerrand est un militant réprimé parce qu’il fait de la politique et se bat.
Dans le Sud-Ouest : défendre nos idées, nous renforcer
Philippe Poutou, tête de liste, est en bonne compagnie, sur une liste composée de militantes et de militants pour qui l’investissement politique, anticapitaliste, révolutionnaire est indissociable de leur investissement syndical, associatif, féministe, écologiste.
Notre liste est composée d’ouvriers d’usine (auto, aéronautique), de cheminotEs, de fonctionnaires de l’éducation nationale, hospitaliers, territoriaux, de précaires, de sans-emploi, sans oublier un agriculteur bio… La plus jeune de nos candidates, intermittente du spectacle, a 27 ans, et la plus âgée, retraitée de la fonction publique territoriale et militante syndicale, 64 ans. La moyenne d’âge de la liste est de 44 ans. Elle compte aussi deux conseillères municipales, élues dans la banlieue bordelaise sur des listes unitaires (NPA-PG à Lormont et NPA-PG-Ensemble à Talence).
La campagne sera courte, mais nous comptons bien en profiter pour porter notre programme, contre cette Europe des banquiers et de la troïka, contre les replis souverainistes.
Une campagne de construction
La constitution de la liste, puis l’organisation de la campagne ont été aussi l’occasion de multiples échanges entre groupes locaux, chacun ayant à cœur de tirer au mieux profit de la situation pour défendre nos idées et renforcer notre organisation. Nous avons voulu que cette campagne aide les comités de « petites villes » disséminés sur le territoire de la circonscription à mieux se faire connaître, à se renforcer. La majorité des candidatEs de notre liste est d’ailleurs issue de ces comités, 7 seulement venant des « capitales régionales », Bordeaux, Montpellier et Toulouse. Préparer un meeting avec Philippe et les candidatEs du coin permet de faire campagne sur les marchés, de faire venir la presse locale qui sinon ne se déplacerait pas.
C’est ainsi que nous étions un petit groupe ce samedi 10 mai à diffuser notre tract au marché de Dax dans les Landes, avec Philippe et les candidats « locaux », Florent, agent territorial et militant syndical à Capbreton (40), et Sylvie, militante à Anglet (64, Pays basque). Nous y avons rencontré la presse locale, mais aussi une grande sympathie envers Philippe bien sûr, mais aussi vis-à-vis de notre politique et de notre parti. Certains nous ont même dit qu’ils n’avaient pas souvent la chance de rencontrer des « gens de gauche »…
Cet accueil est une justification, s’il en fallait une, de l’engagement du NPA dans cette campagne. Et un encouragement pour la suite, qui nous amènera, avec Philippe, à Auch, Tarbes, Montpellier, Marcoule, Nîmes, Uzès, Bayonne, Rodez, Albi, Perpignan, Pau et enfin Bordeaux.
Travailleur de la terre : François Favre, 51 ans, agriculteur bio dans le Gers, est venu au NPA il y a quatre ans. Défenseur des intérêts des travailleurs de la terre, il est convaincu que seule la rupture avec le capitalisme et une écologie radicale permettront de sauver la biosphère. François milite activement dans plusieurs collectifs contre les élevages de poulets industriels, l’exploitation des gaz de schiste, pour une agriculture de proximité respectueuse de l’environnement, du producteur et du consommateur mais aussi contre le fascisme, NDDL ou encore contre le traité transatlantique. S’il se présente aujourd’hui, c’est pour dénoncer une Europe accaparée par quelques-uns, pour la remettre entre les mains de ceux et celles qui travaillent et souhaitent remplacer le mot de concurrence par celui de solidarité.
Dans l’Est : la voix des classes populaires
Dans cette région particulièrement frappé par la crise, les fermetures d’usines et les licenciements se succèdent, le chômage explose, les conditions de vie se dégradent : c’est le terreau favorable à la montée du FN. Les questions environnementales prennent également une place importante, gaz de schiste et de couche, nucléaire...
C’est dans ce contexte que nous voulons faire entendre la voix des classes populaires. Notre liste est conduite par Gaël Diaferia. À 33 ans, il est employé administratif – agent de catégorie C – dans un service interministériel à Metz. Il est actif dans les combats contre l’homophobie et tous les préjugés qui nous divisent, tout comme dans les mobilisations sociales. Gaël est l’un des 5 millions de travailleurs auxquels le gouvernement Valls a décidé d’imposer un an supplémentaire de gel des salaires. Alors, il prépare la grève du 15 mai dans la fonction publique. Et pourquoi pas un « tous ensemble », public-privé avec les chômeurs et les jeunes, et cette fois-ci jusqu’à ce que le gouvernement remballe ces projets ? C’est cette idée que défendra notre liste, le 15 mai et pendant toute la campagne.
À l’image de la société
Sur notre liste, pas de politiciens professionnels ou de notables, mais des militantes et des militants anticapitalistes, internationalistes, révolutionnaires, syndicalistes et écologistes. Ils et elles ne sont peut-être pas connus des journalistes mais le sont de leurs collègues de travail.
Travailleurs du secteur privé, dans la sidérurgie, l’automobile, le commerce, le bâtiment et même l’horlogerie ; travailleurs du secteur public, dans l’éducation, la santé, l’équipement, les finances ou les collectivités ; travailleurs indépendants ; jeunes : notre liste est à l’image de celles et ceux qui font tourner la société.
Et contrairement à Édouard Martin, le syndicaliste de Florange qui conduit la liste PS-Medef, les candidates et candidats du NPA ne joueront pas contre leur camp !
À PSA. Vincent Duse, 49 ans, ouvrier à PSA Mulhouse, est militant syndical à la CGT dans une section combative et active contre la mise en place de l’ANI (plusieurs débrayages). Celui du 30 avril a rassemblé prés de 150 salariés. C’est bien la voie de la lutte qui peut faire reculer le gouvernement et le patronat, mais aussi le FN et son poison xénophobe. Chaque fois que les travailleurs reprennent l’offensive, le FN se tait et soutient les patrons. Raison de plus pour construire l’offensive et se saisir de toutes les échéances.
À la fac. Tess Burdo, 23 ans, étudiante et syndicaliste à l’Unef, compte bien faire entendre la voix de celles et ceux qui refusent la précarité. Manque de profs croissant, classes surchargées sont le quotidien de la maternelle à l’université. Le gouvernement a même évoqué la suppression des APL pour les étudiants non boursiers ou la création d’un SMIC « jeunes » ! Comme les milliers de jeunes descendus dans les rues contre l’expulsion de leurs camarades sans papiers, les futurs ouvriers, profs, infirmiers ou travailleurs sociaux, battons-nous pour que ceux qui produisent les richesses et font tourner la société décident de leur vie !