Ainsi, le SMIC qu’il propose est à 1 326 euros... contre 1 700 euros en 2012. Et le salaire maximum pourrait être vingt fois supérieur au SMIC ! Concernant le temps de travail, Mélenchon se limite à défendre les 35 heures et à mettre en place les 32 heures pour les travaux pénibles et de nuit (et peut-être pour tous après une conférence...). La situation politique, écologique et sociale, nous pousse pourtant à défendre un SMIC à 1 700 euros net, et à réduire massivement le temps de travail afin de diminuer le chômage.
De même, les mesures écologiques ne vont pas assez loin : la sortie du nucléaire pour 2050 (!) et aucune remise en cause des armes nucléaires, ainsi que la non-mention de la gratuité des transports en commun, pourtant essentielle à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
L’objectif, non avoué, est bien de se positionner en gestionnaire, loin d’une logique de rupture.
De la nation...
Le côté nationaliste de Mélenchon est présent. On le voit lorsqu’il défend la « France insoumise ». Ce ne sont plus les travailleurs par delà les frontières qui sont défendus, mais « la France » comme une nation forte et universaliste...
Ainsi, dans le chapitre « Pour l’indépendance de la France », quelques sous-titres annoncent la couleur, « Bleu-blanc-rouge » : « Reconstruire une défense indépendante, nationale et populaire » qui veut remettre au goût du jour la possibilité du service militaire via un service citoyen, obligatoire ; « lutter contre les causes des migrations » qui sous-entend que les migrations sont forcément des problèmes, le refus de la libre circulation et installation est confirmé ; « Construire la paix en Syrie », qui rappelle la volonté d’ingérence de la France. Aucun soutien à la révolution syrienne... et aucune condamnation de la dictature d’Assad ou du rôle de l’Iran et de la Russie ; « passer à la francophonie politique », en refusant de voir le caractère colonialiste de la langue française... mais avec une condamnation de l’anglais.
… aux frontières
La France telle qu’elle est construite dans L’avenir en commun jouerait un rôle de nation libre défendant ses valeurs à l’international. Mais d’État à État, pas via une nouvelle internationale organisant les gens à travers le monde, vers la fin des frontières. Pour Mélenchon, les frontières sont importantes, de nombreuses allusions y sont faites comme dans ce passage sur les migrations où il est dit qu’il faut « permettre à chacun de vivre chez soi ». Les « insoumis » se placent dans la logique d’un « colonialisme idéologique », en défendant ses valeurs et sa culture comme le modèle à exporter.
Alors que la droite la plus dure risque d’arriver au pouvoir, et que l’hypothèse d’une extrême droite victorieuse n’est plus folklorique, il est urgent de préparer un nouveau projet d’émancipation sociale, de construire une nouvelle expression politique permettant aux exploitéEs et aux oppriméEs de s’organiser pour faire de la politique, et de rassembler les forces pour préparer les luttes sociales, écologistes et démocratiques de demain. Dans ce cadre, la ligne politique de Mélenchon risque de compliquer sérieusement cette unité nécessaire. À nous de polémiquer sur le fond, et de rassembler dans les luttes, afin de construire une alternative anticapitaliste.
Manon Labaye et Alexandre Raguet