Le zèle des militaires est rarement un bon conseiller. Un soldat de la troupe d’intervention française, actuellement en opération au Mali, a dû l’apprendre à ses dépens. Pris en photo par le journaliste AFP Issouf Sanogo en portant un masque de tête de mort, le militaire s’est fait rappeler à l’ordre sa hiérarchie : « Ce comportement est inacceptable », a déclaré le porte-parole de l’état-major, Thierry Burkard. Le soldat, non encore identifié, a dû se croire dans un escadron de la mort. Alors que, selon les justifications officielles, il s’agit d’une guerre de libération au profit du peuple malien.Cette justification officielle fait cependant débat, alors même que quasiment personne – en France et au Mali – n’a de sympathies pour les bandes djihadistes qui ont imposé un règne de terreur aux populations des villes de Nord.La fond et la forme ?En dehors de l’extrême gauche, Noël Mamère a été l'un des premiers à déclarer ses doutes. L’ex-candidat des Verts à l’élection présidentielle de 2002 déclara le 15 janvier que la justification de l’opération relevait de « la propagande », et que la dernière intervention en Libye en 2011 avait contribué à créer les problèmes actuels au Mali, en disséminant des stocks d’armement… que la France avait, en partie, fourni auparavant à Kadhafi. Le conseil inter-régional d’Europe Écologie-les Verts des 19 et 20 janvier a, cependant, voté unemotion qui « salue » l’intervention française au Mali, tout en demandant au gouvernement de s’abstenir d’un « langage guerrier »…Au Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon avait, dans une première réaction, déclaré l’intervention « discutable » – au sens qu’elle ne mérite pas une franche opposition –, mais critiqué l’absence de consultation du Parlement. Le député François Asensi (PCF) déclara à l’Assemblée qu’il partageait « les orientations de la diplomatie » française, mais critiquait aussi l’absence de consultation.Droite et extrême droite accompagnent l'interventionÀ droite, après avoir d’abord pratiqué le consensus avec le gouvernement, l’UMP hausse le ton. Elle critique le gouvernement au niveau des méthodes poursuivies, surtout pour ne pas avoir obtenu une contribution plus forte des autres puissances européennes à l’intervention. Valéry Giscard d’Estaing avait, par ailleurs, mis en garde contre un « risque d’une action néocoloniale » française. Son opposition visait cependant moins le danger que la France ait un comportement impérialiste, que le risque qu’il soit perçu ainsi.Notons que, pour la première fois depuis son opposition forte à la guerre en Irak, l’extrême droite clame haut et fort son soutien à une intervention extérieure. Contre les dernières interventions – Irak, Serbie, Libye –, le Front national avait opposé un isolationnisme de droite, qui considère que du bon sang (et argent) français ou européen est gaspillé pour des « intérêts étrangers », notamment ceux des USA. Ou encore que la prétendue « démocratisation » des pays concernés relèverait de « l’utopie », les habitants de ces pays n’étant pas faits pour. Au contraire, le 12 janvier, Marine Le Pen déclara l’intervention actuelle au Mali « légitime ».L’union nationale que nous servent les partis parlementaires sonne comme une bien sinistre et hypocrite cacophonie.Bertold du Ryon
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