La réactivation du NFP paraît très peu probable. Une dynamique nationale est même impossible au regard de l’hétérogénéité des réalités locales. Pourtant combattre l’extrême droite et construire un front social et politique réunissant la gauche associative, syndicale et politique sur la base d’un programme de rupture reste plus urgent que jamais. De ce point de vue, le NFP est-il toujours un outil majeur au service de notre camp social ?
On reprend les mêmes…
Le 2 juillet, à Bagneux, à côté de Lucie Castets — la candidate présentée par le NFP pour le poste de Premier ministre et ignorée par Macron — se tenaient Marine Tondelier (Les Écologistes), Olivier Faure (PS), François Ruffin (Debout), Clémentine Autain (L’Après) et Benjamin Lucas (Génération·s). Filiation revendiquée ? Le NFP et ses 9 millions de voix. Objectif affiché ? « Produire une dynamique dans le pays » autour de la désignation, lors d’une primaire en 2026, d’une candidature commune de la gauche à la présidentielle de 2027…
Quelle activité va créer cette dynamique ? La définition des modalités de la primaire qui aurait lieu entre mai et octobre 2026… Un programme ? Il n’en est pour l’instant pas question. Le casting avant tout.
Cette initiative rejoue le NFP mais en farce, en ne gardant que son principal problème : l’accord d’appareils. Aucune réponse aux enjeux immédiats, aucune dynamique à la base et pas de programme qui trace une perspective de rupture avec les politiques libérales mises en œuvre depuis 40 ans, y compris par la gauche gestionnaire.
L’unité à la base
La situation exige bien mieux, et des possibilités existent. Le cadre NFP uni qui fut à l’origine de plusieurs rencontres nationales, les réseaux qui persistent (comités actifs, boucles de messagerie, etc.) sont des points d’appui. Malgré les réalités locales très diverses, il n’existe pas de cadre unitaire qui fonctionne mieux que le NFP actuellement, là où il existe encore.
C’est ainsi que le 9 juin dernier, toutes les organisations politiques, syndicales et associatives de Montargis ont été à l’initiative d’un rassemblement unitaire contre le fascisme, pour s’opposer à la réunion du RN dans le Loiret.
Quel front social et politique ?
Alors que le secteur du social est confronté à des coupes budgétaires massives de la part des collectivités territoriales, que le gouvernement va tenter de faire adopter plus de 40 milliards de coupes dans les dépenses publiques et que la pauvreté est au plus haut selon l’INSEE depuis 30 ans (touchant plus de 15 % de la population), la question de la répartition des richesses pourrait dominer la rentrée.
La tentative pour faire adopter ce budget austéritaire sans précédent, pour continuer à subventionner le capital et financer la course à l’armement imposée par les États-Unis, pourrait polariser la situation politique à la rentrée. Et la survie du gouvernement Bayrou à l’automne passera par un accord avec le RN.
Parallèlement, dans le privé, les restructurations, fermetures de sites et licenciements vont se poursuivre dans un black-out médiatique et politique. Dans un tel contexte, il paraît tout à fait envisageable de construire des cadres de mobilisation unitaires pour résister à l’offensive austéritaire et raciste et mettre à l’ordre du jour un autre budget, des mesures pour les services publics, l’emploi, les salaires et les minima sociaux.
Ces cadres ouvriraient la possibilité que le mouvement ouvrier fasse irruption sur la scène politique, à la condition d’une campagne reposant sur des comités de base vivants et démocratiques, portant un programme de rupture et où le centre de gravité est dans la rue. Cette campagne pourrait peser positivement sur les campagnes électorales à venir et permettre l’expérience de la démocratie vivante.