La protection des enfants, qui sont par nature vulnérables, est un devoir de notre société. Le dire apparait comme une banalité, mais implique des choix politiques et budgétaires conséquents.
Pourtant, le gouvernement ne fait pas ce choix. Malgré les infanticides, ces « faits divers » qui remuent régulièrement l’actualité, les moyens financiers, humains et structurels ne sont pas au rendez-vous. La protection de l’enfance reste le parent pauvre des services publics, morcelé entre les services départementaux, municipaux, de l’Éducation nationale, de la santé, de la culture et les nombreuses associations aux formats divers. Les employeurs sont nombreux et leurs intérêts sont parfois divergents.
Un maillage de services publics
Pour une protection de l’enfance qui a du sens, il faut tout d’abord renforcer l’ensemble des services publics. Faire du lien entre les parents et différents professionnels de différents secteurs permet de rompre l’isolement, d’informer, d’épauler, de repérer des situations qui peuvent interroger, d’orienter pour qu’une aide puisse être apportée. Par exemple, quand on habite dans un désert médical et qu’on a besoin de trouver de l’aide par rapport à une difficulté (parfois passagère) liée à l’éducation de son enfant, c’est difficile. Du coup, les situations restent sans réponse, s’enlisent et peuvent s’aggraver.
La prévention, le secteur le plus pauvre
La prévention est donc le premier maillage de la protection de l’enfance. C’est pourtant là que le manque de moyens est le plus criant, puisque ce n’est pas une compétence obligatoire des conseils départementaux (qui ont la charge d’organiser et de financer la protection de l’enfance). Ceux-ci sont sous pression du gouvernement qui leur demande de faire sans cesse des économies. Et dans ces cas-là, ce sont les services de prévention spécialisés qui sautent. Plus insidieusement, la surcharge de travail des services sociaux au sens large et la fermeture de services publics font que plus aucun service n’a le temps de faire de la protection de l’enfance. Et ce n’est pas par manque de conviction.
Les injonctions sont tellement fortes que tout ce qui n’est pas contrôlé (par un juge par exemple) est mis en place dans un second temps, quand on peut. Et souvent, on ne peut pas. Par exemple, les parents ont la possibilité de demander une aide éducative à domicile (AED) aux services de l’ASE, ces aides sont souvent mises en place (ou pas) bien après les aides éducatives ordonnées par un juge pour enfant.
Des services sous-dimensionnés
Et même quand on entre dans la protection de l’enfance au sens législatif du terme, les moyens ne sont pas mis. Les professionnelLEs ne sont pas assez nombreuxEs pour mettre en place les mesures qui aident les familles ou pour mettre en œuvre les placements qui protègent les enfants. Les services ne sont pas dimensionnés par rapport aux besoins. D’autant plus que les langues se délient ces dernières années, notamment dans la vague MeToo. Les tabous commencent à s’effriter, comme au sujet de l’inceste. Et il faut des services dimensionnés et formés sur ces questions pour apporter des réponses à la hauteur.
Par ailleurs, pour que les accompagnements des enfants et des familles soient de qualité, cela implique que les travailleurs aient de bonnes conditions de travail et une stabilité professionnelle. Pour ça, il faut un statut professionnel protecteur.