Notre-Dame-des-Landes, village situé au nord-ouest de Nantes, sera l’un des épicentres des régionales de 2010 : le projet d’aéroport qui y serait construit oppose les caciques du PS, du PCF et de la droite qui accompagnent depuis 25 ans le projet, contre les partis de la gauche radicale (NPA, PG, Alternatifs, Décroissants), mais aussi les Verts. Enjeu ? Le « ménagement » ou non du territoire, la planification écologique et la démocratie territoriale.
v endredi 16 octobre, Jacques Au-xiette, président PS de la région Pays-de-Loire, ouvre la campagne des régionales pour le PS à Rezé, près de Nantes. Les militants de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport (Acipa) ne peuvent manquer ce premier meeting. Ils sont cinq avec une banderole. Le service d’ordre PS ne fait pas dans le détail : les militants sont saisis, violemment expulsés de la salle, injuriés et traînés par terre1.
Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDLL) est une vieille lubie productiviste : De Gaulle voulait cet aéroport dans les années 1960 pour y faire décoller le Concorde vers les Amériques. Mais le projet a été relancé dans les années 1990, sous la « tendre férule » du député maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault.
Pourtant, Nantes a déjà un aéroport, au sud, avec une piste accueillant 2 millions de voyageurs annuels alors que sa capacité est de 6 millions.
Semaines de résistance
Il y a pourtant une potion magique que notre député-maire ne peut plus goûter : la résistance des villages concernés par le projet d’aéroport, menée par l’Acipa.
Depuis la semaine de résistance et le camp Climat d’août dernier, réunissant les partis de la gauche radicale, l’université d’été des objecteurs de croissance et plus de 500 participants au camp climat, l’opposition au projet fait parler d’elle jusque dans les colonnes de la presse nationale. Un coup de projecteur que n’ont pas apprécié Ayrault et Auxiette, mais également nos camarades productivistes du PCF 44. Jusqu’à mars 2010, ce sont des semaines de résistance qui s’ouvrent pour les opposants au projet.
Ayrault rameute les troupes et sort les lapins du chapeau. Il confirme la disparition en 2015 de l’aéroport actuel et défend celui de NDDL avec l’argument « vert » de la fin de l’étalement urbain : l’actuel aéroport deviendra alors une ressource foncière pour la construction immobilière.
Ayrault lance la grande offensive sur le thème du rapprochement avec les grandes capitales bretonnes et surtout Rennes : l’aéroport de NDDL est décrit comme la clef de voûte de la création d’un grand pôle européen, compétitif et innovant.
Ménagement du territoire
Les conséquences du futur aéroport, outre la disparition d’un bocage remarquable et de l’agriculture locale, seront bien l’étalement urbain autour des axes routiers qui accompagneront la construction de l’aéroport, un développement des zones industrielles incontrôlé et la multiplication des pôles de compétitivité, qui nuiront par ailleurs à l’économie de l’ouest de la Bretagne. Nous sommes dans la droite ligne du projet ultralibéral européen d’aménagement de l’espace communautaire, basé sur la concurrence entre les régions.
Le combat mené par l’Acipa a mis en lumière la question de l’aménagement du territoire : face à un projet faramineux (son impact est deux fois plus important que les grands aéroports européens qui drainent 15 millions de voyageurs), hors de coût (les 555 millions d’euros initialement prévus deviendront largement plus d’un milliard), Notre-Dame-des-Landes met en évidence la problématique de la planification écologique, de la portée réelle des besoins économiques et sociaux, de la concertation entre les habitants et les acteurs sociaux et économiques et les responsables politiques.
Personne n’est capable d’assurer que cet aéroport a un avenir. Il s’agit bien d’un coup de poker qui ruinera d’abord des milliers de citoyens. Alors oui, pour toutes et tous les militants du NPA, l’aéroport c’est NON
1. Les militants de l’Acipa, victimes des nervis du PS, ont déposé une plainte.