La sociologie urbaine, dont l’auteur est un spécialiste, doit être un caillassage verbal de l’urbanisme. Cette édition réédite des textes de 1985 à 2005 montrant une chronologie du changement de l’espace urbain. Le champ d’enquête reste pourtant la région parisienne, d’où Garnier exécute les Bobos (les enfants de Bernard Arnault et d’Amélie Poulain), à la façon de la Rumeur, et maudit la gentrification des quartiers populaires. Il déplore la fin d’un prolétariat incapable de changer le monde comme de savoir qu’il est une entité propre. À propos des flambées urbaines ou des émeutes de cités, il explique que cette violence nerveuse (dixit Baudrillard) n’est « qu’un hommage - un peu rude certes - rendu à l’économie de marché… » puisque les « sauvageons » de Jean-Pierre Chevènement ont parfaitement intégré les valeurs de compétition, profit, réussite matérielle du monde capitaliste. Jean-Pierre Garnier, avec sa verve anarchiste, dénonce essentiellement un Paris populaire de plus en plus artificiel. Il décortique la langue mensongère du pouvoir, créant ici des « villages » alors que la vie de quartier a été éliminée, structurant des « cheminements » là où il n’existe plus que des déplacements conditionnés par le travail et la consommation. Christophe Goby
Agone, 254 pages - 18 euros