Ce livre, sans être un ouvrage de fond, possède le mérite de rappeler quelques vérités de base sur la Chine, sa classe ouvrière et son rôle dans le capitalisme mondial. D’abord les circonstances historiques qui ont amené le PC chinois à privilégier les « réformes » de la fin des années 1970 : les échecs politiques (et surtout tragiques pour la population) du Grand Bond en avant et de la Grande Révolution culturelle prolétarienne, les distinctions entre entreprises privées, d’État et de la « zone grise », l’importance du « hukou », ce passeport intérieur qui rythme encore la vie de millions de ruraux. Enfin un survol rapide sur les luttes du prolétariat chinois dont certaines formes d’action montrent combien à la violence de l’exploitation répond parfois une violence pouvant aller jusqu’au lynchage de dirigeants lors d’un conflit. Astarian, caractérisant la Chine comme un capitalisme d’État, la pense pour l’instant incapable de sortir de la crise en développant une classe moyenne qui absorbe une partie de la surproduction de biens à l’échelle planétaire. Le développement économique chinois n’existe en effet que par l’exploitation salariale de la majorité du prolétariat. L’auteur émet l’hypothèse d’une insurrection du prolétariat chinois, fraction du prolétariat mondial, et la transformation de ce soulèvement en « communisation de la société ». Il émet comme impératif le refus de toute lutte pour les revendications « démocratiques » qui ne feraient que conforter le système capitaliste et la « subordination du travail au capital ». C’est ici que les divergences qui séparent le courant auquel appartient l’auteur et le nôtre apparaît le plus clairement. En effet, les luttes pour les libertés démocratiques, même formelles ou « bourgeoises », sont un impératif du mouvement ouvrier. Le capitalisme n’a jamais cédé que contraint et forcé par un mouvement de masse ! Louarn Du
Éditions Acratie, 176 pages - 15 euros