Lyon possède une tradition historique de l’extrême droite mais aussi de luttes et de résistance. Tour d’horizon de la situation lyonnaise, marquée par une certaine tendance à la violence. Les différentes familles de l’extrême droite sont représentées à Lyon : catholiques intégristes, soraliens d’Égalité et Réconciliation, FN, Bloc identitaire...
Avec un score de 15,22 % en 2010, Bruno Gollnisch préside un groupe de dix-sept élus FN au conseil régional. Également député européen, le prétendant à la succession de Jean-Marie Le Pen possède de solides contacts à l’étranger lui permettant d’organiser la Conférence internationale des organisations patriotiques à Tokyo à l’été 2010. Exclu en raison de propos jugés négationnistes, en juillet 2011, il devrait réintégrer son poste en langues et civilisations japonaises à LyonIII, fac connue pour sa complaisance envers des recherches douteuses.
Malgré un impact électoral important, le FN (qui dispose d’un local ) est peu visible sur l’agglomération hormis quelques collages.
Un activisme radical, notamment des Identitaires
Les Identitaires ont par exemple mené des actions de harcèlement de bibliothèques qui devaient accueillir une exposition sur les sans-papiers, ou monté un happening pro-cochon au Quick Hallal de Villeurbanne en mars dernier.
Fins mélomanes, ils organisent des concerts de RAC (Rock Against Communism) très discrets. Mais c’est surtout l’activité physique qui les attire. Actifs au sein de kops de supporters de l’Olympique lyonnais (Cosa Nostra Lyon, dissout en avril 2010, et Bad Gones), ils organisent aussi des matchs de foot, des randonnées et autres combats de boxe avec leur bien-nommé club, La Torgnole. Déjà célèbre pour l’attaque d’une manifestation antifasciste par les Jeunes Identitaires (JI) lors de leur rencontre nationale en 2004, Lyon connaît au début 2010 une montée en puissance de la violence physique des JI et des néonazis : agressions lors de la Gay Pride, attaque du rassemblement contre la tenue du débat sur l’identité nationale, intimidation de militants sur les pentes de la Croix-Rousse, tags racistes, attaque incendiaire d’un squat politique, agression en mars de trois militants de la CNT (coups, nerfs de bœuf, ceintures cloutées…) agrémentée de « Lyon est fasciste » ou « Sieg Heil »…
Cette agression motiva diverses organisations à réagir de manière unitaire sous la forme d’un Réseau 69 de vigilance antifasciste et de l’organisation d’une manifestation pour témoigner de la solidarité envers les camarades agressés et réaffirmer nos valeurs et déterminations communes antifascistes. Le 10 avril 2010, à l’appel de ce collectif, 2 500 personnes défilaient dans les rues de Lyon pour une manif qui passait symboliquement dans le quartier Saint-Jean (lieu de la dernière agression) que les fafs essaient de revendiquer comme leur territoire.
Le collectif se réunit depuis tous les mois pour réaliser une veille des actions fascistes, la collecte de témoignages d’agressions, l’organisation de la protection d’initiatives à risques (RESF, pro-choix…), la production de matériel antifasciste unitaire et une initiative publique à moyen terme (conférence-débat, concert…).
Valentine Delion et Antoine Sindelar