Lors du CPN du 17 novembre 2018, le NPA avait décidé de mener, dans le cadre des élections européennes, une campagne qui décline dans des réunions publiques les axes du NPA sur les enjeux du scrutin, en lien avec les mobilisations sociales en cours. Avec ou sans liste, le NPA était déterminé à faire entendre une voix anticapitaliste contre l’Europe forteresse et ses traités, et à défendre, contre la montée des extrêmes droites, une perspective révolutionnaire et internationaliste avec un plan d’urgence sociale pour les peuples, en solidarité avec les réfugiéEs, pour la liberté de circulation et d’installation de toutes et tous. Et parce que, pour nous, cette campagne n’était pas une campagne électorale, mais une campagne politique importante, nous n’avons pas attendu les dernières semaines avant les élections pour la mener.
Questions politiquesLe 17 novembre c’était aussi bien évidemment l’Acte 1 des Gilets jaunes, qui a percuté le NPA comme l’ensemble de la société et s’est taillé une large place dans les débats de nos réunions publiques. De janvier à la mi-mai, les comités du NPA ont organisé une vingtaine de meetings avec des interventions de Christine Poupin, Olivier Besancenot et Philippe Poutou sur les axes de la campagne ou sur des questions plus spécifiques comme l’urgence climatique avec Christine Poupin ou la liberté de circulation avec Julien Salingue. Les affluences ont certes été variables en fonction de la taille des villes et de l’implantation locale du NPA (sans surprise, Tarbes ou Clermont-de-l’Oise ont regroupé moins de participantEs que Toulouse ou Paris). Mais ce sont, au total, plusieurs milliers de personnes qui sont venues débattre avec le NPA et ses porte-parole.Qui dit débat dit aussi réciprocité des échanges. Ces réunions ont été des rencontres militantes et humaines, à notre échelle, un véritable kaléidoscope de la révolte du monde du travail qui s’exprime de manière plus ou moins organisée dans les luttes en cours. Révolte qui se heurte aux politiques de plus en plus violentes et répressives du gouvernement aussi bien que du patronat, et s’alimente de ces expériences, posant de nombreuses questions.
Au côté et au service des luttesNous avons en effet voulu que nos réunions publiques soient aussi des tribunes pour toutes celles et ceux qui se battent contre Macron et contre l’exploitation capitaliste et toutes les oppressions. Nous sommes fierEs que nos réunions aient pu accueillir des postierEs en grève depuis un an dans le 92 ou depuis 6 semaines à Toulouse, des Gilets jaunes victimes de la répression à Chambéry, des étudiantEs mobilisés à Annecy ou à Lille, des représentantEs de comités de défense d’hôpitaux de proximité à Châteauroux ou à Clermont-de-l’Oise, des salariéEs en lutte contre les licenciements comme les New Look ou les Ford, des salariéEs en grève pour des augmentations de salaires comme au Park Hyatt, des enseignantEs mobilisés à Rouen, des militantEs pour la justice climatique. Toutes ces luttes illustrent la ténacité avec laquelle les résistances aux attaques se cramponnent sur tous les terrains. Elles permettent de reconstruire des solidarités et des réflexes de classe pour comprendre la stratégie de l’adversaire. Ce sont des ferments d’espoir dans ce monde capitaliste, qui nous fait payer au prix fort la crise de son mode de réalisation des profits, la crise écologique qu’il engendre et la crise idéologique qu’il charrie pour tenter de masquer sa faillite. Mais pour le moment aucune de ces luttes n’a remporté de victoire décisive qui illustre qu’il est possible de faire reculer les patrons et leurs représentants politiques.
Questions stratégiquesEt c’est bien ce qui a alimenté les débats avec les salles. Quelles stratégies pour construire cette convergence que nous appelons toutes et tous, mais que nous ne parvenons pas à concrétiser ? Quelles perspectives politiques pour dépasser les divisions : difficultés de communication voire de défiance entre le mouvement syndical et politique et les Gilets jaunes, émiettement et absence de débats entre les forces politiques se réclamant encore du mouvement ouvrier, y compris entre le NPA et Lutte ouvrière pour laquelle nous avons pourtant appelé à voter, comme seule liste anticapitaliste et internationaliste, comment reconstruire une alternative révolutionnaire qui redonne un espoir aux contestations sociales, contre l’alternative mortifère Macron-Le Pen, en rupture avec les institutions européennes et nationales ? Autant de questions qui ne peuvent qu’être ravivées par les résultats de ces élections et les enjeux des luttes qui se poursuivent. Ce n’est qu’un début, continuons nos débats ! Cathy Billard