De Lisandra Alonso, avec Viggo Mortensen, Ghita Norby et Viilbjork Malling Agger. Sortie le mercredi 22 avril.
Un avant-poste reculé entre Pampa et Patagonie, en 1882, durant la prétendue « Conquête du désert » où est menée une campagne génocidaire contre la population indigène de la région. Les militaires pacificateurs traitent les Indiens de « cabezas de coco »...Présenté à Cannes l’an dernier, le cinquième film de Lisandro Alonso raconte peut-être une histoire. Le cinéaste n’en est pas sûr. En tout cas, le capitaine Gunnar Dinesen (magnifique Viggo Mortensen) arrive du Danemark avec sa fille de 15 ans afin d’occuper un poste d’ingénieur dans l’armée argentine. Seule femme dans les environs, Ingeborg rêve de posséder un chien, met les hommes en émoi, et tombe amoureuse d’un jeune soldat avec qui elle s’enfuit dans le désert.
Le capitaine décide alors de s’enfoncer dans le territoire ennemi, où rôdent les indiens sauvages ainsi qu’un colonel légendaire viré chef de guerre et travesti. Travestie comme la réalité où le capitaine s’enfonce. Guidé par un chien à travers la sierra, tout basculera à travers une rencontre dépassant l’entendement dans une grotte de la sierra. Ingeborg devenue Wiilbjork se réveillera de nos jours dans une vaste demeure danoise entourée de forêts et tout semble recommencer...
Le film traite peut-être de la conquête du sud argentin et du génocide indien, de l’amour d’un père pour sa fille, mais il allie surtout les « noces de la beauté et du néant ». Tourné en 35 millimètres et en format carré, Alonso enchaîne les plans somptueux où songes et mirages se succèdent. Viggo Mortensen hante ce film dont il a aussi signé la musique.
Sylvain Chardon