Avec Nurlan Baitasov, Maya Serikbayeva et Edige Bolysbaev. Sortie mercredi 5 mars.
Tout commence par un film dans le film. Sur un plateau de tournage, un jeune assistant, fasciné par une jeune actrice en robe rouge, lui apporte du thé lors d’une pause. Maladroit, il en renverse sur la robe. La fille donne un coup de téléphone. Dans une voiture de type 4x4, son compagnon ou mari arrive avec deux gros bras qui tabassent le jeune sur le champ. « C’est une scène de la vie réelle d’aujourd’hui » précise Darezhan Omirbayev qui explique qu’elle lui a été racontée par quelqu’un qui l’a vécue.
Son film est une transposition du roman de Dostoïevski, Crime et châtiment. Un étudiant pauvre et solitaire cambriole une épicerie : l’épicier (qu’il avait vu renvoyer une retraitée pour quelques centimes en moins) et une cliente sont tués. Miné par la culpabilité, il finit par assumer son acte grâce à sa rencontre avec une jeune fille. Défilent des personnages emblématiques du Kazakhstan d’aujourd’hui : un poète dont personne ne lit plus les œuvres, deux professeurs (l’un néolibéral acharné, l’autre complètement creux) et un autre conducteur de 4x4 qui massacre un âne à coups de club de golf. En arrière-plan, la ville et ses buildings rutilants : avec ses ressources en pétrole, gaz et minerais, le Kazakhstan est un paradis pour les groupes de travaux publics.
Omirbayev a tourné son premier long métrage, Kairat, en 1991, au moment de la chute de l’URSS. Il a réalisé six longs métrages qui forment la chronique d’une société labourée par un capitalisme corrompu et oligarchique.
Henri Wilno