De Nabil Ayouch, avec Loubna Abidar, Asmaa Lazrak et Halima Karaouane
Sortie le mercredi 16 septembre
Le titre en arabe, Zin li fik, peut se traduire par « la beauté qui est en toi ». Un film coup de poing qui laisse une trace profonde, la beauté cachée au cœur de la violence, de l’humiliation. Loubna Adibar a rencontré avec Nabil Ayouch plus de 200 prostituées au Maroc pour recueillir leurs paroles et leurs témoignages et construire un film qui leur ressemblent. Utilisées comme objets sexuels lors de soirées orgiaques, elles se retrouvent ensuite dans l’appartement qu’elles partagent, et c’est alors leurs fou rires, leurs moments de tendresse, leur solidarité qui les aident à supporter l’insupportable.
Les propos sont crus, directs, mais les images sont empreintes d’empathie pour ces quatre femmes et ne créent ni voyeurisme ni misérabilisme. Le film nous fait partager leur quotidien, leurs rêves, la brutalité des hommes, Seul Saïd, leur chauffeur et compagnon de route, est épargné.
Montré à la quinzaine des réalisateurs à Cannes, le film a été interdit au Maroc parce qu’il décrit, au plus près des corps, la réalité de la prostitution et du tourisme sexuel, qu’ils viennent des pays du golfe ou d’Europe.
La réalité de Noha, c’est sa famille qui attend l’argent qu’elle apporte tout en la rejetant, un flic qui la rackette, une société hypocrite qui refuse de voir ce qui est sous ses yeux. Peu de lueurs d’espoir mais des situations qu’on vit de l’intérieur, avec une tension palpable, de la vie, de la colère, de la dignité et des moments de répits partagés avec les autres prostituées, les travestis qui s’amusent de leur quotidien avec un humour et un sens de la dérision contagieux.
Nabil Ayouch ne conclut pas l’histoire mais la laisse en suspens. Ses personnages si justement représentés viennent nous percuter sur la condition des femmes, la révolte, l’émancipation et les combats encore à mener.
Thérèse G.