De Mohammad Rasoulof.
Reza est un modeste éleveur de poissons rouges. Il a quitté Téhéran pour s’installer à la campagne avec sa femme, directrice du lycée local, et son jeune fils. Il n’aspire qu’à vivre tranquillement.
Mais ce n’est pas possible : il s’est endetté, et la société de distribution d’eau veut mettre la main sur son terrain. En versant des pots-de-vin, en pliant l’échine devant les corrompus, il pourrait s’en tirer. Comme il refuse, sa vie et celle de sa famille deviennent un enfer.
Un régime gangréné par la corruption
Mohammad Rasoulof montre que la corruption qui gangrène le régime des mollahs est généralisée, y compris au fin fond de la province. En filigrane, le film trace aussi le portrait d’une génération : Reza a quitté Téhéran pour refaire sa vie après des démêlés avec le régime, son ami le plus proche est en prison, un autre fait carrière dans la finance, son beau-frère fait la part du feu. Le dénouement du film, plein de suspense, est plus ou moins vraisemblable mais porte un message fort : si Reza semble s’en tirer, c’est qu’il a su se montrer aussi salaud que les salauds.
Dans un État comme l’Iran, tous les cinéastes sont confrontés au problème de la censure et s’en accommodent de diverses façons. Rasoulof obtient difficilement des autorisations de tournage ; ses films sont quasiment invisibles dans son pays. Sa situation est certes bien plus confortable que celle des syndicalistes iraniens pourchassés par le régime. Néanmoins, condamné à six ans de prison pour « actes et propagande hostiles à la République » (peine réduite à un an), il est en liberté conditionnelle.
Henri Wilno