Françoise Escarpit Éditions Elytis 144 pages 17 eurosÀ l’instar de son père Robert, célèbre billettiste du Monde, Françoise Escarpit est passée de l’enseignement universitaire au journalisme, notamment pour Sud-Ouest, la Dépêche, Politis, le Monde diplomatique et divers journaux étrangers. Correspondante permanente de l’Humanité à la Havane de 1989 à 1992, puis jusqu’en 2002 à Mexico d’où elle suivait l’ensemble de l’actualité latino-américaine, elle a également accompagné le développement du mouvement zapatiste, auquel elle a consacré un livre (Marcos sous le passe-montagne, Syros, 2006). Elle n’a cessé depuis lors de soutenir ou d’animer des actions de solidarité en faveur des opprimés du continent, spécialement en Colombie, où elle est allée observer les infractions les plus criantes à la Charte internationale des droits de l’homme. Mais au lieu de livrer un ouvrage de plus sur la situation présente de Cuba, elle a fait le choix, largement supérieur, d’évoquer ce pays à travers sa capitale, ses rues et surtout son histoire, mêlée à son propre parcours qui l’a conduite à apprendre fort tard qu’elle avait séjourné dès l’âge de deux ans à la Havane, lors d’une escale de ses parents gagnant les États-Unis, et qu’elle y comptait même des parents éloignés. « Combinant » à la façon des peintres américains (et des journaux) photographies, récits, chansons, « encadrés » sur les sujets les plus divers, F. Escarpit allie heureusement les notations personnelles et les remarques issues de sa longue expérience de journaliste, telle sa description du vieux quartier chinois de la Havane, laissé en déshérence jusqu’à ce que les autorités de Pékin se soucient de le ranimer, brève et belle leçon d’analyse géopolitique. Elle se garde de conclure, laissant ce soin à Eduardo Galeano, dans un texte datant de 2003 mais qui n’a pas vieilli : « Cuba fait mal ». Ce livre original et attachant ne vieillira pas non plus.Gilles Bounoure