Musée de l’Homme, 17 place du Trocadéro et du 11 Novembre.
« Un musée militant » c’est ainsi que Christine Laurière, ethnologue et biographe de Paul Rivet, fondateur du musée de l’Homme en 1937, définit le rôle de ce musée-laboratoire qui vient de rouvrir ses portes au Trocadero après plus de 6 ans de fermeture.
Il se veut musée mais aussi lieu de recherche dans la continuité de l’ancien musée fondé au moment du Front populaire auquel Paul Rivet a participé. Cet engagement s’inscrit dans la démarche scientifique qui considère l’espèce humaine dans son unité et sa diversité, affirmant l’égalité entre les êtres humains.
Le nouveau musée de l’Homme a abandonné la dimension ethnographique reprise par le musée Branly pour se centrer sur la naissance et l’évolution de l’humanité autour de trois questions – Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? – autour desquelles se construit la relation biologie-culture, l’homme et la nature dont il est partie intégrante. Contrairement au quai Branly, il n’est pas une collection d’objets sans leur histoire, mais la préhistoire et l’histoire de notre espèce, illustrées, concrétisées, par de magnifiques pièces dont le crâne de l’homme de Cro-Magnon trouvé en 1868 en Dordogne ou la Vénus de Lespugue âgée de plus de 22 000 ans et bien d’autres...
Le parcours se partage entre expositions de format traditionnel et installations multimédias, avec vidéos diffusées sur écrans géants, photographies, documents audio ou écrits consultables sur tablettes, le tout accessible aux adultes comme aux plus jeunes. De vastes salles, lumineuses et ouvertes sur l’extérieur, réparties sur deux étages, offrent le cadre d’un agréable périple qui commence par le récit de nos origines. Chaque homme sur Terre descend du même ancêtre apparu dans l’Est africain. Et cet ancêtre était noir. Puis se déroule le fil qui conduit à I’Homo sapiens.
« Où allons-nous ? »
Dans la galerie de l’Homme, nous sommes plongés au cœur de notre évolution, dans toute sa diversité, à travers les différentes migrations sur tous les continents. Nous sommes tous des enfants de migrantEs. On découvre ensuite les conséquences environnementales, écologiques et socio-culturelles des activités humaines à partir de la révolution du néolithique il y a plus de 10 000 ans, puis la conquête de l’ensemble de la planète jusqu’à l’actuelle mondialisation qui débouche sur la question, « Où allons-nous ? » à partir de la prise en compte de l’impact de l’homme sur la planète et des effets de la globalisation.
Même si la mondialisation dans laquelle l’humanité est engagée est décrite en faisant l’impasse sur les logiques capitalistes destructrices qui la dirigent, le questionnement, aboutissement d’une longue évolution de milliers d’années de notre espèce, débouche sur l’impérieuse nécessité de partager les richesses et de vivre en harmonie avec notre environnement. Une page de l’histoire de notre espèce qui reste à écrire...
En ces temps troubles qui ne sont pas sans rappeler ceux des années 30, la réouverture du musée de l’Homme est la bienvenue face au déferlement de préjugés et de bêtise ambiante.
Yvan Lemaître