Sélection proposée par Philippe Cyroulnik ni exhaustive ni réduite à ses préférences : allez voir les expositions quand bien même certaines peuvent susciter non seulement surprises, découvertes et enthousiasmes mais aussi interrogations ou critiques. Cette semaine, on commence par l’Est, les Hauts-de-France et la Normandie.
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GRAND EST, LUXEMBOURG ET SUISSE
André Masson, il n’y a pas de monde achevé
Centre Pompidou-Metz, www.centrepompidou-metz.fr, 1, Parvis des droits de l’Homme 57020 Metz, 03 87 15 39 39, jusqu’au 2 septembre
Engagé et sensible aux bouleversements de son siècle, qu’ils soient historiques ou intellectuels, André Masson (1896-1987) est l’un des plus grands peintres du 20e siècle. Sa présence non doctrinaire parmi les surréalistes, l’invention du dessin automatique et des tableaux de sable, ses complicités fructueuses avec les artistes et penseurs de son temps, l’influence de ses dessins et de ses toiles sur les débuts de l’expressionnisme abstrait américain, forment la part la plus connue de son œuvre. Peintre expérimentateur et dessinateur hors pair, Masson fut aussi sculpteur, créateur de décors de théâtre et d’opéra, critique d’art, lecteur insatiable à la culture encyclopédique, féru de mythologie et de philosophie occidentale et extrême-orientale, poète et écrivain remarquable. Esprit libre et révolté, son œuvre est traversé par la conviction profonde que « la seule justification d’une œuvre d’art […] est de contribuer à l’élargissement de l’être humain, à la transmutation de toutes les valeurs, à la dénonciation de l’hypocrisie sociale, morale et religieuse et par conséquent à la dénonciation de la classe dominante, responsable de la guerre impérialiste et de la régression fasciste » (communiqué de presse).
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Katharina Gross, déplacer les étoiles
Centre Pompidou-Metz www.centrepompidou-metz.fr, 03 87 15 39 39, jusqu’au 24 février 2025
Une artiste qui pratique une sorte de hors-limite du geste et de la couleur. Le risque : à vouloir trop grand, on peut chuter dans le grandiloquent. Mais il faut le voir pour savoir, ce qui n’est pas notre cas. Alors souhaitons le meilleur.
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La répétition (collections du MNAM)
Centre Pompidou-Metz, www.centrepompidou-metz.fr 03 87 15 39 39, jusqu’au 24 février 2025
Une sélection judicieuse, un parti-pris de qualité pour la plupart des œuvres.
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Supports/surfaces
MNAHA, www.nationalmusee.lu/, marché aux poissons, L-2345 Luxembourg, jusqu’en 2025
Une sélection d’œuvres de ce courant important de l’abstraction française radicale. De Pierre Buraglio à Claude Viallat en passant par Noël Dolla ou Toni Grand.
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The lateness of the hour
Fondation Beyeler, Bâle, www.fondationbeyeler.ch/fr, Baselstrasse 101, CH-4125 Riehen/Bâle, jusqu’au 11 août
Pour la première fois, la Fondation Beyeler, l’ensemble du musée et le parc environnant accueillent une présentation expérimentale d’art contemporain regroupant de très nombreux artistes. Certains m’intéressent beaucoup (Peter Fischli, Cildo Meireles ou Marlene Dumas) ; je suis plus réservé sur d’autres (Pierre Huyghe ou Philippe Pareno). Je m’interroge sur ce que peut donner une exposition conçue comme un « organisme vivant », en évolution et en transformation permanente dans une institution muséale sans tomber dans l’aporie. Mais cela vaut le coup d’aller voir cette sélection et ces articulations entre mises en situation, collections et tentatives « d’activation » du lieu.
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HAUTS-DE-FRANCE
Gérard Duchène, l’appel du large
LAAC (Lieu d’art et action contemporaine), 302, avenue des Bordées, 59140 Dunkerque, 03 28 29 56 00, gratuit le dimanche, jusqu’au 13 octobre
Première rétrospective depuis le décès de cet artiste insuffisamment reconnu dont le textuel, de l’impression, du transfert et de l’altération des signes et mots sont la matrice de son œuvre.
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José Loureiro, Croque-couleur
FRAC Grand Large Hauts de France, 503 avenue des Bancs de Flandres, 59140 Dunkerque, 03 28 29 56 00, jusqu’au 1er octobre
Né en 1961, José Loureiro dont le style, d’abord expressif aux accents presque surréalistes, évolue rapidement vers l’épure et l’abstraction.
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NORMANDIE
Un été au Havre
Le Havre, dans toute la ville, jusqu’au 22 septembre
Onze artistes, dont certains très jeunes, investissent l’espace public dans toute la ville. Certains resteront pérennes ; ils s’ajoutent à d’autres qui ont réalisé des œuvres antérieurement. Cela produit une immense promenade des arts dont certaines œuvres sont très réussies même si tout cela participe d’une esthétique du spectacle qui emballe une politique urbaine et sociale qui a beaucoup moins d’éclat et de pertinence.