La mort de Charlie Watts, batteur mythique des Rolling Stones, marquera sans doute davantage les plus âgéEs d’entre nous que les jeunes générations. Pourtant, cette disparition n’a rien d’anodin.
Certes, nous avons l’habitude de voir partir des acteurEs de notre vie culturelle, auteurEs, comédienEs, rockstars… mais avec plus ou moins un certain fatalisme, une idée de l’irréversibilité du vieillissement et de la mort. Mais on ne parle pas là de l’un de nos innombrables paradis perdus. Il est question ici du plus grand groupe de rock’n’roll de tous les temps, battant par sa longévité tous les autres, donnant des concerts magiques aux quatre coins du monde. Invitons les septiques à visionner le concert incroyable donné à Cuba il y a quelques années ! Charlie Watts n’aura manqué aucun de ces concerts. Ses deux compères Mick et Keith, désormais seuls survivants de la formation initiale, repartent en tournée dès la fin du mois aux USA. Espérons qu’ils reviennent enchanter notre vieux continent une dernière fois ! Pour la route.
Bad boys des années 1960
Avant Mai 1968, dans une France gaulliste étriquée, rabougrie, la jeunesse écrasée par une morale répressive n’avait qu’une façon d’échapper à cette chape de plomb étouffante : se rendre dans les concerts et hurler sa colère ! Contre les « censeurs » qui aux entrées des bahuts scrutaient au centimètre près la longueur de vos cheveux, qui traquaient les filles aux jupes trop courtes, contre ceux qui les empêchaient de prendre des contraceptifs et évidemment d’avorter… En avril 1965, les Stones viennent à Paris avec leur nouveau tube « (I Can’t Get No) Satisfaction » Le message que tous les participantEs attendaient pour transformer le quartier de l’Opéra en émeute ! Les Stones c’était les « bad boys », ceux qui se droguaient, qui séduisaient les filles. Des enquêtes d’opinion demandaient aux parents s’ils « accepteraient que leur fille sorte avec un Rolling Stones ». Des anti-Beatles en quelque sorte !
Malgré cette image collective sulfureuse (mais ô combien justifiée !), Charlie Watts a toujours été considéré comme un « Stone à part ». Plus âgé que les autres membres du groupe, il n’hésitait pas à revendiquer cette image décalée, amateur et musicien de jazz, fidèle à son épouse, et ne se droguant pas (sauf durant une courte période). Il aimait tourner dans de petites boîtes de jazz, pour le plaisir, approchable et toujours aimable.
So long Charlie ! The show must go on !