Guerre civile, entre 1918 et 1920, l’Armée Rouge pénètre dans une petite ville d’Ukraine. Klavdia Vavilova, une jeune femme commissaire politique, ordonne l’exécution d’un déserteur avant de défaillir. Elle est enceinte et demande au capitaine la permission de quitter le régiment pour accoucher. Celui-ci se montre embarrassé car la situation militaire n’est pas bonne pour l'armée révolutionnaire.
La jeune femme trouve refuge chez un artisan juif très pauvre, père de six enfants. Cette famille, qui n’est pas vraiment impliquée dans la guerre sinon pour échapper aux pogroms menés par les « Blancs », va tout faire pour prendre soin de la mère puis de l’enfant.
La « commissaire » découvre une autre vie que celle de la guerre. Une vie de petits riens, de peines et de joies où la générosité irrigue la vie quotidienne. Nous apprendrons la mort au combat du père de l’enfant. Mais la guerre se rapproche et la présence de la commissaire dans la famille met cette dernière en danger de mort. Klavdia s’arrache à ce cocon pour reprendre la guerre en rejoignant l’armée révolutionnaire.
La suite n’est pas dans le film mais on la connaît. Les « blancs » seront défaits mais pas l’antisémitisme russe et ukrainien. La conclusion se jouera en 1941 dans le même village avec le génocide perpétré par les nazis.Askoldov aurait aimé en parler mais il n'a pu réaliser que ce film magnifique. Interdit par la censure de la bureaucratie soviétique pour « sionisme » ! Un film de 1967, redécouvert en 1988 et récompensé au festival de Berlin de cette même année.
Sylvain Chardon
DVD : "La Commissaire" de Alexandre AskoldovD’après un récit de Vassili Grossmann. Éditions Montparnasse. 20 euros.