Série américaine en 4 saisons. Sortie entre 2015 et 2019. Adaptée du roman du même nom écrit par Philip K. Dick (1962).
La Seconde Guerre mondiale est terminée, mais l’issue n’est pas celle que nous connaissons. Les Alliés ont perdu la guerre. Les nazis, qui sont parvenus à produire la bombe atomique avant les autres, l’ont utilisée contre les États-Unis. Ces derniers se sont rendus. Dès lors, le IIIe Reich et l’empire nippon se partagent le monde et aussi les États-Unis, lieu principal où se déroule la série.
Personnages contradictoires
L’histoire, étalée sur 4 saisons et 40 épisodes, est celle de personnages qui jouent des rôles au sein des différents camps : Juliana Crain, résistante américaine, et son compagnon Frank Frink, d’origine juive, qui se retrouve victime d’antisémitisme. Mais aussi John Smith, chef d’État du Reich américain, qui gravit les échelons ou encore Takeshi Kido, chef de la police de l’empereur du Japon. Nous pourrions en citer bien d’autres comme Joe, nazi infiltré et fils du successeur de Hitler (qui apparaît dans le film) ou encore le ministre du Commerce japonais, Tagomi. Ce qui est vraiment fort dans la construction des personnages, c’est la mise en danse des contradictions : le chef nazi est à la base anti-nazi, le ministre japonais qui ne se retrouve pas dans la politique colonialiste et raciste, la résistante qui tombe amoureuse d’un nazi…
Mondes parallèles
L’une des activités principales d’une partie de la résistance américaine consiste à faire circuler les films de Hawthorne Abendsen, aussi appelé le maître du Haut-Château. Hitler en personne cherche à les récupérer et à les détruire après les avoir visionnés. Pourquoi ? Parce que ces films véhiculent « l’espoir ». Et l’espoir, c’est la victoire des Alliés. On l’apprend plus tard, cet espoir n’est pas seulement une lutte « propagandiste ». En réalité, les Alliés ont bien gagné, mais dans un autre monde. Et nous sommes plongés dans la folie nazie, et en particulier celle du docteur Josef Mengele et de Heinrich Himmler. Le Reich allemand entreprend alors une politique de déstabilisation vis-à-vis des colonies japonaises en Amérique afin de pouvoir récupérer plus de territoires dont la « zone neutre », mais aussi sécuriser une « montagne » ou une dépression suffisante où construire un mécanisme consistant à voyager dans le multivers est possible… C’est ici que le dénouement de la série se trouve.
Nous ne pouvons parler ici des dizaines de très bonnes scènes, montrant le cynisme des dirigeants, les enjeux politiques et les petites combines, les débats au sein de la Résistance, notamment entre les Noirs américains, les Blancs et les Irlandais. Mais aussi les histoires d’amour, les ruptures, les trahisons et la fidélité, l’amitié...
Cette série est souvent surprenante et ce qui peut sembler parfois un peu incompréhensible ou « bateau » prend son sens avec la découverte, petit à petit, des secrets d’État. C’est aussi un très bon antidote contre le fascisme grâce à la capacité à rendre très réelle une société absolument répugnante. Un rappel clair à ne jamais lâcher le combat contre la peste brune !