Film suédo-franco-germano-britannico-étatsunien, 2 h 29 minutes, sorti le mercredi 28 septembre.
Cette comédie nous présente un cocktail explosif servi sur un yacht de vacances, composé d’influenceurs déconnectés, d’oligarches russes et français qui font leur beurre en « vendant de la merde » pour faire des engrais et un équipage qui doit mettre de côté sa dignité pour les servir…
La palme d’or qui donne des hauts-le-cœur à la bourgeoisie !
Le réalisateur suédois Ruben Östlund est bien lucide sur la cruauté et la bêtise inhérente à cette société de classes injuste, ainsi il nous écrit plus d’une situation qui fait mouche, comme lorsqu’on se retrouve à éclater de rire devant ce qui semble être à peine une parodie de l’hypocrisie des influenceurs qui se rêvent progressistes, mais qui s’accommodent bien d’être du côté des puissants vendeurs d’armes qui alimentent des conflits meurtriers, tant que cela signifie pouvoir profiter de leurs privilèges.
On apprécie beaucoup les quelques touches intéressantes, comme la division raciste entre les boulots de service, visibles, donnés aux européens, et les boulots de maintenance et préparation des repas strictement attribués à des philippins et immigrés africains. Sous-reconnus… et pourtant essentiels ! Sans trop en raconter, c’est ce que la fin du film montre de manière intelligente, c’est-à-dire toujours de manière à nous faire décocher un sourire…
On regrettera néanmoins le manque flagrant d’un point de vue qui se mettrait du côté des exploités de ce bateau, qui ne s’expriment jamais réellement de manière collective contre leurs oppresseurs. Là où Parasite, dans un autre style de film récompensé à la structure marxisante, semblait croire à la possibilité d’une fin du système grâce à l’unité de ceux qui ne possèdent rien, Sans filtre ne dépasse jamais vraiment la critique jouissive des possédants.