De Hirokazu Kore-eda. Film japonais, 2 h 01, sorti le 12 décembre.
Le film de de Kore-eda a obtenu la Palme d’or à Cannes. Sa première partie tient largement du conte et de la comédie burlesque, sans que le contexte social ne soit éludé : une famille japonaise pauvre vit dans une petite maison cernée de grands immeubles et ses membres améliorent leur ordinaire en volant dans les magasins car, comme le dit le père, « Ce qui n’est pas encore vendu, n’est à personne ».
Travailleurs pauvres au Japon
Revenant d’une de leurs expéditions, ils aperçoivent une petite fille seule, dans le froid. Ils finissent par la ramener à la maison et la gardent après s’être aperçu que ses géniteurs l’ont maltraitée et n’en ont rien à faire. Un nouveau membre est ainsi intégré à la vie chaleureuse de la famille, qui survit avec une indifférence absolue par rapport à la morale dominante : outre les larcins, la fille, déguisée en écolière, travaille dans un peep-show.
D’ailleurs, la société ne leur fait guère de cadeau : pour des salaires de misère, le père œuvre dans le bâtiment (et est victime d’un accident du travail) tandis que la mère s’active dans une blanchisserie industrielle (une scène la montre, elle et une de ses collègues : le patron leur a demandé de choisir celle qui sera licenciée). Dans une deuxième partie, les secrets, plus ou moins sordides, surgiront et l’édifice familial s’effondrera.
Kore-eda aborde ainsi sans lourdeur des questions sérieuses : la situation des travailleurEs pauvres et précaires au Japon et, surtout, un thème déjà présent dans certains de ses précédents films : Qu’est-ce qui fonde une famille ? Les liens du sang ou l’affection ? Rien d’étonnant à ce que le réalisateur ne soit guère apprécié de l’actuel gouvernement conservateur.
Henri Wilno