Traduction de Manuel Esposito, éditions de la Variation, 2023, 113 pages, 14 euros.
Ce petit livre nous invite à revenir sur un grand groupe — « mythique » dirait-on de nos jours — qui a offert à la postérité l’un des disques les plus marquants d’une époque politique (la fin des années 1960) connu pour être celui à « la banane »1 : le groupe de Lou Reed et de John Cale, en collaboration avec la chanteuse Nico, produit du croisement entre le pop art de Andy Warhol et la musique pop de Reed et de ses amiEs.
La variation
Le livre est publié dans la collection La Ritournelle2, l’une des trois de ce tout nouvel éditeur, qui « entend penser la musique, en faisant se rencontrer musique populaire et philosophie ». L’ouvrage consiste donc en une variation, au sens musical du terme, autour du Velvet, notamment de son disque le plus emblématique, Velvet Underground & Nico.
Un philosophe, Massimo Palma, tient la plume, trempée à l’encre de son art. Il nous invite à une lecture décalée de l’œuvre, structurée autour de cinq mots, visant à donner des clés de compréhension du Velvet, de son producteur Warhol, et plus globalement de cette époque et de sa musique.
Autant d’entrées qu’il désigne comme cinq motifs : le travail, le contrat, l’épopée, la fête, la responsabilité qui, selon lui, donnent une forme à leur prophétie : « Lou Reed et toute la bande du Velvet avaient vu ce que nous sommes devenus aujourd’hui. Alors même qu’ils représentaient la marge de leur époque, ils sont devenus nos plus parfaits contemporains ».
Discordance géniale ?
La musique du Velvet peut surprendre, de même que le succès qu’elle a fini par rencontrer, mais son inscription dans la durée, en tant que marqueur d’une époque, témoin bien présent, se comprend beaucoup mieux. L’auteur de l’essai propose une interprétation savante de ce phénomène qui conduit à l’inscription dans le monde actuel de l’œuvre de ces monstres sacrés, comme si leur musique, dérangeante, avait alors été écrite pour notre époque, discordante.
Un conseil de lecture pour ce texte un peu difficile : le lire une fois sans s’arrêter sur ce qui paraît un peu abscons, puis laisser reposer un moment, écouter le disque — volume sonore élevé — puis, seulement après, le relire tranquillement pour en saisir la portée !