Ce jeune mathématicien communiste avait été enlevé, torturé et assassiné par les parachutistes à Alger en juin 1957. Depuis cette date, aucune enquête n’a été menée pour connaître les circonstances exactes de cet assassinat et son auteur.
Les lois d’amnistie l’empêchent, les archives du ministère de la Défense ont été « nettoyées » et les archives du général Aussaresses qui vient de mourir, chef des parachutistes et défenseur public de la torture, ne sont toujours pas publiques. Ce silence complice a duré jusqu’à la découverte en 2012 d’un manuscrit du colonel Godard, désignant Gérard Garcet comme l’auteur du crime. Toujours vivant, le parachutiste Garcet se tait...
« L’honneur de ce gouvernement » ?Aujourd’hui l’affaire rebondit avec une question écrite du député Front de gauche François Assensi qui demande que « soient évaluées les responsabilités des dirigeants politiques de l’époque » et que soit reconnu ce « crime d’État ». La réponse du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian donne un certain espoir puisqu’il a pris l’engagement de « faire tout ce qui est en son pouvoir : ce serait l’honneur de ce gouvernement de contribuer à l’établissement de la vérité »... Chiche ! Surtout quand on se rappelle que cette « sale guerre » coloniale qui a duré de 1954 à 1962, et dans laquelle ont été engagés des dizaines de milliers de soldats du contingent, a été initiée et largement dirigée par la SFIO et ses alliés de l’époque (Guy Mollet, Robert Lacoste, Francois Mitterand, etc.). Sans oublier le vote scandaleux des « pouvoirs spéciaux » à Guy Mollet par les députés du PCF le 12 mars 1956, vote qui va permettre l’envoie de 450 000 soldats en Algérie, d’étendre la répression avec son lot de tortures et de massacres.Il faudra attendre plusieurs mois pour voir le PCF s’opposer frontalement à cette guerre en exigeant de vraies négociations, tout en continuant à s’opposer au mot d’ordre d’indépendance et à exclure ses militants engagés dans le soutien pratique au FLN...
Georges Villetin