Par Henri Clément
Le Vent des Khazars, tome 1, Makyo et Frederico Nardo, coll. Grafica, Glénat, 2012, 72 pages, 14,95 euros
Voici une bande dessinée qui vient éclairer de façon divertissante l’une des controverses majeures liées aux principes fondateurs de l’idéologie sioniste. Basée sur le roman éponyme de Marek Halter, elle s’attache en particulier à relater un épisode de l’histoire du royaume khazar, dont les dirigeants se sont convertis au judaïsme aux alentours du VIIe siècle et ont développé une civilisation florissante, à la frontière du grand empire byzantin. Ce phénomène de conversion au judaïsme vient contredire l’idée d’une unique diaspora juive et donc d’un peuple unique, issu d’une même origine et donc d’une même terre, celle d’Israël1.
Le scénario de ce premier volume est construit autour de trois axes : les enjeux politiques à la cour du khagan Joseph, aux prises avec les ambitions byzantines ; la quête d’Isaac Ben Eliezer, envoyé par un rabbin de Cordoue pour prendre contact avec le khagan ; les recherches d’un écrivain de nos jours, confronté à un énigmatique groupe terroriste khazar. Cette dernière partie, qui s’efforce d’aborder les aspects géopolitiques contemporains en lien avec les enjeux pétroliers, est en fait la moins convaincante. Mais cette faiblesse est très largement compensée par l’attrait qu’exercent cette civilisation méconnue et la façon dont le scénario nous la fait peu à peu découvrir. Le dessin, très classique, sert parfaitement cette intrigue historique et la très belle figure de la princesse Attex, sœur du khagan, qui se retrouvera sans aucun doute au cœur des drames qui se joueront dans le second volume.
1. Sur cette discussion, on se reportera utilement à l’ouvrage de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2009.