Asie centrale (ou médiane), Asie du Sud, du Sud-Est, Extrême-Orient ; mondes musulman, indien et chinois… L’Asie n’existe pas comme entité historique si ce n’est, depuis le 20e siècle surtout, sur le plan géostratégique, où tout s’entrechoque, ne serait-ce que du fait de la Chine dont les frontières s’étendent de la Corée au Kazakhstan.
La compétition États-Unis/Chine se joue sur tous les continents et en tous domaines, mais elle prend une densité particulière en Asie.
Renversements d’alliances
Depuis l’implosion de l’URSS, des renversements d’alliances assez spectaculaires se sont produits. Hier, Washington et Pékin soutenaient de concert Islamabad contre New Delhi, adossée à Moscou. Aujourd’hui, les États-Unis privilégient l’Inde. La Chine pour sa part assure son emprise au Pakistan avec des investissements majeurs liés à la construction d’un « corridor » lui donnant un accès privilégié à l’océan.
En Asie du Sud, en plus de la lutte d’influence États-Unis/Chine, la compétition Chine/Inde est décisive, du Sri Lanka au Népal ou à l’Afghanistan.
L’Inde, la Chine et les USA sont aujourd’hui en concurrence directe en Birmanie, récemment ouverte aux investissements étrangers.
Paralysie diplomatique
L’Asie du Sud-Est est diplomatiquement paralysée par les divisions entre : les États clients de la Chine (Laos, Cambodge, Brunei) ou la Thaïlande sous influence ; le Vietnam farouchement opposé à Pékin ; la Malaisie et Singapour qui occupent des créneaux porteurs sur le marché mondial, mais subissent la pression économique chinoise ; le géant indonésien qui vit encore au temps idéologique de la guerre froide…
Les équilibres géostratégiques en Asie restent instables. Si la Chine a pour l’heure perdu l’initiative dans l’est du continent, elle a en revanche lancé un projet gigantesque d’expansion au sud et à l’ouest : le développement de deux nouvelles « routes de la soie » (en référence aux très anciennes voies commerciales qui reliaient l’Asie à l’Europe), la route maritime conduisant à l’Afrique et au Moyen-Orient, la route terrestre vers le Kazakhstan et l’Europe orientale.
Ce projet n’en est qu’à sa phase initiale et il est trop tôt pour savoir ce qu’il en adviendra effectivement, mais il symbolise le niveau d’ambition de la Chine de Xi Jinping.