Nous publions un texte, au format et au ton inhabituels dans nos colonnes, qui raconte un peu de la vie du NPA à l’occasion de la campagne Poutou.
Militant tout frais du NPA, l’idée de partir sur les routes à la recherche des parrainages sonnait pour moi comme un film d’aventures. Déjà, pour la préparation des tournées, je m’attendais à une scène à la Casa del Papel avec une carte accrochée au mur ; ma camarade localisant les points névralgiques (entendez par là les maires ayant déjà donné) avec un pointeur laser et avec des punaises pour les maires à conquérir… Mais petits moyens au NPA, on n’aura jamais les effets spéciaux à la Minority Report. Au lieu de cela, je me retrouve dans sa salle à manger, à expliquer à une ancienne militante l’intérêt du crtl+c / ctrl+v pendant qu’une de ses chattes se love sur mon clavier.
Rien ne vaut le frisson des luttes
Mais j’anticipais déjà la seconde scène : un véhicule blindé conduit par des ultras de droite arrivant face à moi, bloquant la route communale. J’aurais activé mon arme secrète sur les haut-parleurs de ma voiture : un chant de Lil Nas X ou de Mylène Farmer (choisissez votre génération... j’ajoute Gréco avec Déshabillez-moi si besoin). Bon, en réalité j’ai surtout fait face à des tracteurs qui m’obligeaient à me déporter sur le bas-côté en faisant attention à ne pas sombrer dans le fossé de 80 cm. Je me suis arrêté dans un café pour la pause, on m’a gentiment mis la radio pour que je me sente moins seul... du Sardou... Si Femmes des années 80 vous fait vomir, dites-vous que j’aurais pu avoir le droit à Je suis pour ou Le Temps des colonies... Il est 17 h, j’ai fini ma tournée. Je vais pouvoir retourner à mes pénates. En pleine campagne, j’active mon GPS, et la batterie de mon téléphone me lâche. Je sais que la nationale n’est pas loin mais où ? Je vous jure qu’à ce moment-là j’ai entendu des loups. Au final, entre refus et permanences désertes, j’aurais pu m’arrêter là ; mais je suis quand même retourné voir mon maire sceptique, une fois, deux fois, et finalement j’ai obtenu sa promesse. Parce que les films que je me fais sont peut-être bien, mais rien ne vaut le frisson des luttes.