Entretien. Olivier Mateu est secrétaire général de l’UD CGT 13. Il avait été convoqué par la gendarmerie dans le cadre de la lutte de la Centrale de Gardanne contre le plan de licenciements mis en place par le propriétaire GazelEnergie. Suite aux nombreuses marques de solidarité de structures CGT et d’organisations politiques et au rapport de forces ainsi créé, cette convocation a été annulée. Luttes, danger de l’extrême droite, présidentielle : Olivier a bien voulu répondre à nos questions sur la situation sociale et politique.
La lutte des travailleurs de la Centrale de Gardanne est longue et déterminée et elle nous rappelle, bien sûr, la longue lutte victorieuse des Fralib contre le géant Unilever. Mais un peu partout, on assiste ça et là à d’autres luttes dans l’industrie, le commerce, la santé ou ailleurs, qui parfois sont gagnantes, comme tout récemment à Arkéma. Comment agir pour que ces luttes dispersées se rejoignent et se coordonnent pour changer la donne, faire que l’espoir change de camp ?
Ce qui importe, c’est bien sûr de redonner confiance et envie de se battre. La CGT doit jouer pleinement son rôle qui est d’être toujours aux côtés de celles et ceux qui luttent. Mais c’est aussi le rôle des organisations progressistes, qu’elles soient politiques ou syndicales, qui doivent rappeler sans cesse que l’argent existe, mais qu’il est détourné par les capitalistes.
Le « quoi qu’il en coûte » du prétendu plan de relance, c’est avant tout financé par l’argent des travailleurs, l’argent des richesses créées par le travail. C’est pourtant sur eux que pèsent les conséquences les plus lourdes (licenciements, fermetures d’entreprises, casse des services publics…).
La situation actuelle fait qu’il y a des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres. Mais les capitalistes ont de plus en plus de mal à cacher ce vol. Ils s’enrichissent et ils l’assument pleinement, sans aucune pudeur.
La période où il y avait du « grain à moudre » est bel et bien terminée. Maintenant, ils veulent tout, tout de suite.
Mais, là où il y a des luttes, c’est vrai qu’il y a souvent des victoires, alors oui, il y a nécessité de luttes, d’un mouvement interprofessionnel pour bien montrer que notre adversaire est commun. Que ce soit pour l’emploi, les salaires, la protection sociale, l’ennemi c’est le capitalisme. C’est là que doit être notre bataille.
L’UD CGT 13 appelle, avec les autres UD de PACA, à une manifestation à Nice, au mois de mars, contre la montée des idées d’extrême droite. Qu’est-ce qui a motivé cet engagement ?
Cette initiative est dans la continuité de notre engagement historique contre l’extrême droite. Dans le contexte actuel, on voit qu’il y a une sur-utilisation par les médias des thèmes les plus réactionnaires. Il y a une vraie concurrence entre les divers tenants du système pour savoir qui sera le plus à droite ou à l’extrême droite…
L’extrême droite est toujours une des solutions possibles du capitalisme pour diviser le monde du travail, et tous les moyens sont bons pour ça : stigmatisation de l’immigration, peur de l’autre, discours anti-migrants…
Mais celles et ceux qui demandent l’arrêt de l’immigration « oublient » les ventes d’armes françaises, et que les migrants qui viennent chez nous fuient souvent la misère et la guerre qu’on leur exporte.
Mais tout ça, c’est pour au final, mieux nous cacher qu’ils sont en train de nous voler.
C’est pour ça que cette division doit être combattue sans ménagement, car elle met en difficulté notre camp social.
Un petit mot sur ce que t’inspire l’actuelle campagne présidentielle…
La CGT 13 entend réaffirmer son indépendance qui n’est en rien de la neutralité. Les candidatEs que nous estimons « progressistes » (et on n’y met pas toute la « gauche ») seront invités à débattre, car il y a nécessité de renforcer le camp du progrès social. Le monde du travail doit se faire entendre sur ses valeurs à rebours du discours officiel.
Alors certes on peut regretter qu’il n’y ait pas d’union à cette élection, mais sur le plan syndical non plus, il n’y en a pas. Est-ce pour cela qu’on doit renoncer ?
Pour nous, l’intérêt du monde du travail, c’est que les candidatEs qui se veulent vraiment en rupture portent des solutions, des perspectives de réel changement.
Ce que nous voulons unifier, c’est le camp des travailleuses et des travailleurs, unir notre camp face au capital.
Propos recueillis par Jean-Marie Battini