Le débat LO-NPA de la fête de Lutte ouvrière est toujours un moment particulier, dans lequel les camarades s’attachent à « discuter des divergences pour les comprendre », pour en comprendre les racines, en aucun cas pour discuter des convergences possibles...
Il faut dire que le discours de Nathalie Arthaud, la porte-parole de LO, deux heures avant sur la grande scène, donnait déjà un aperçu des désaccords. Son discours (publié dans le prochain numéro de leur hebdomadaire) était orienté autour de trois axes : « que la contestation se poursuive » contre la loi travail ; construire la campagne présidentielle de 2017 ; que les jeunes qui se sont politisés dans le mouvement lisent Marx, Engels, Lénine, Rosa Luxembourg et Trotsky. Tout cela tournant autour de la nécessité de la construction d’un parti pour le camp des travailleurs, communiste et révolutionnaire.
Quelle politique pour les luttes ?
Ces objectifs, nous pouvons bien sûr les partager. Mais, devant plusieurs dizaines de milliers de sympathisantEs venus écouter l’orientation de LO, quelques jours après l’utilisation du 49-3 et avant une semaine décisive pour la mobilisation, on aurait pu s’attendre à des perspectives de lutte plus concrètes !
Lors du débat intitulé « La mobilisation contre la loi travail et l’orientation des anticapitalistes et des révolutionnaires », les camarades de LO ont quasi exclusivement parlé de Nuit debout, pour l’identifier aux autres mobilisations auquel le NPA participe « en dehors de la classe ouvrière », comme Notre-Dame-des-Landes, le Non à la Constitution européenne en 2005 ou autres... Le second axe de LO consistait à tenter de démontrer que « nous n’avons pas la même politique », sans argumenter particulièrement.
Pour le NPA, Armelle et Antoine sont intervenus pour discuter de la construction de la grève cette semaine, des efforts pour aller vers une difficile grève générale, des perspectives que nous pourrions défendre ensemble dans ce mouvement, pour proposer une autre politique que celle des directions syndicales et construire une direction du mouvement s’appuyant sur l’auto-organisation. Les camarades de LO, eux, semblent penser qu’à part développer l’auto-organisation, les révolutionnaires n’ont pas de rôle particulier dans les mobilisations.
Debout contre le gouvernement
Nous avons aussi défendu Nuit debout comme une tentative de secteurs du monde du travail, hors des grandes entreprises et des services publics, d’entrer en mobilisation. Nous avons tenté d’expliquer que les travailleurs des petites entreprises, ceux qui n’ont pas de syndicat dans leur boîte, les plus précaires, cherchent des moyens de se mobiliser, et que Nuit debout en fait justement partie, tout en donnant la possibilité de cadres de débat sur les orientations à développer dans le mouvement.
Nous avons également interpellé LO sur la faiblesse de son discours contre la répression policière et la nécessité d’en finir avec ce gouvernement, ainsi que sur la nécessité de combler le décalage entre la faiblesse des organisations du mouvement ouvrier et la recherche d’alternative de la part d’une partie de ces militantEs. LO semble ignorer que combler ce décalage se fera par des expériences concrètes faites par les masses, pas essentiellement par les élections et la lecture...
Antoine Larrache
Vidéo de l’intégralité du débat.