Par Antoine Larrache
Sale temps pour le PS. Après l’affaireCahuzac, voilà que sa direction doit subirl’irruption des salariés de PSA Aulnayen plein milieu de son conseil national.
Une cinquantaine d’ouvriers sont eneffet venus reprocher à des dirigeants« socialistes » plus habitués aux lambrisdorés des palais républicains qu’à lachaleur des assemblées générales, de secoucher devant le plan de suppression de8 000 postes à Aulnay et le licenciementde grévistes, alors que ceux-ci mènent lalutte depuis trois mois. « Pour une fois, ily a eu des ouvriers présents au conseilnational du PS », aurait malicieusementglissé un membre de la direction.
Dure journée, car la politique dugouvernement est si impopulaire quecertains élus, ministres et députés PS ouVerts sont contraints – pour espérer ne passombrer avec le navire gouvernemental– de s’y opposer, quoique partiellementet à mi-voix. Emmanuel Maurel, un desdirigeants de la gauche du PS, prévientainsi : « cette irruption du réel nousrappelle de ne jamais oublier notre basesociale ». Est-ce la colère des salariésou l’impopularité du PS à l’approchedes élections municipales qui effraieune partie de cette gauche qui, tout ens’en désolidarisant en parole, persiste àaccompagner les politiques d’austérité dugouvernement ?
Jean-Luc Mélenchon, lui, a lasolution : pour faire changer de cap legouvernement, il suffirait qu’il deviennePremier ministre ! Son ancien directeurde campagne renchérit : « Oui, c’est unehypothèse envisageable. Son parcoursfait de lui un premier ministrable :Jean-Luc Mélenchon a tout de mêmeplus d’expérience gouvernementale queHollande et Ayrault ! Si l’expérience etles fonctions passées sont des critères, iln’est pas illégitime. Mélenchon incarneune autre voie pour la gauche, un courantkeynésien qui entend solder la crisepar la relance économique. » Le ton estdonné : les voilà, la révolution citoyenneet la 6e République de Mélenchon. Unreplâtrage institutionnel, un changementde Premier ministre, et le tour est joué.
Pour le NPA, la bonne méthode – àrebours de ces illusions institutionnelles– est celle des PSA : « une irruptionviolente des masses dans le domaineoù se règlent leurs propres destinées »(comme l’écrivait Trotsky, pour défi nirla révolution). Il s’agit pour les salariée-s de refuser l’austérité, de lutter contreles forces réactionnaires, défendre desmesures répondant à l’urgence socialeet démocratique. C’est le sens que nousvoulons donner aux manifestationsdu 1er et du 5 mai, pour construireune opposition de gauche, populaireet militante, à ce gouvernement qui sesitue entièrement du côté de la classedominante.