L’accoutumance à la mort et à la dépréciation de la vie provoquée tant par les politiques anti-Covid de nos gouvernants que par les mouvements anti-vaccins est peut être la plus directe et la plus terrible de toutes les menaces.
Un résultat passé totalement inaperçu des politiques anti-Covid en place, est qu’elles banalisent la mort, qu’elles nous accoutument à la mort! Ici on n’a pas affaire à quelque chose de secondaire ou d’anodin, d’un dommage collatéral des politiques anti-Covid de nos gouvernements, mais peut être de leur conséquence la plus terrible et effrayante, celle qui promet les pires malheurs à moyen et à long terme…
La plus éclatante preuve de cette accoutumance mortifère est évidemment l’absence totale de toute mobilisation de protestation contre l’hécatombe désormais quotidienne de morts victimes du Covid. Après des semaines, des mois et des années de pandémie, la perte des centaines des milliers et des millions de vies, est devenue partie intégrante du paysage quotidien, quelque chose d’aussi « normale » et prévu d’avance que le lever et le coucher du soleil. Et force est de constater que cette accoutumance est renforcée jour après jour par les déclarations et les mesures de nos gouvernants qui, très cyniquement, n’hésitent pas de présenter ces hécatombes presque comme des sacrifices nécessaires et inévitables sur l’autel... de la bonne marche de l’économie de marché !
Banalisation de la mort
Si l’on y réfléchit bien, les conséquences de cette banalisation de la mort pourraient bien être effrayantes. En effet, on observe déjà que l’accoutumance à la mort ne concerne pas seulement la mort des autres, mais aussi la mort de celui qui s’y accoutume. En tout cas, elle conduit à la dépréciation de la vie, tant de la notre que des autres, ce qui préparerait le terrain à l’explosion des plus extrêmes formes de violence puisqu’il n’existerait plus la « ligne rouge » de la peur de la mort qui constitue l’ultime obstacle et barrage contre la transformation de nos sociétés en des véritables jungles.
Cependant, il ne faut pas croire que tout ça est le fait du hasard et se fait spontanément. Ni attribuer à une simple coïncidence le fait que tant nos gouvernements que les anti-vaccins cultivent tous les deux, malgré leurs divergences et leurs conflits, cette banalisation de la mort. Ni qu’on trouve à la tête des anti-vaccins, mais aussi de plusieurs gouvernements européens, des individus connus pour leur passé d’extrême droite. Le moindre qu’on puisse dire c’est qu’en nous accoutumant à la mort, tant les uns que les autres tirent avantage puisqu’ils jouent chez eux, sur leur propre terrain, formant ainsi des consciences collectives et individuelles pleinement conformes à leurs traditionnelles références et « valeurs » !
Pourquoi? Mais, parce que pour les traditions fascistes et nazies, et aussi pour les « valeurs » et les pratiques d’extrême droite, la dépréciation de la vie va de paire avec le culte de la mort et l’exercice de la plus extrême des violences ! Et évidemment, ce n’est pas un hasard que le tristement célèbre cri nécrophile du fondateur de la Phalange espagnole, général fasciste José Millan-Astray « Viva la Muerte »1 fait toujours partie de l’arsenal idéologique des (néo)fascistes et autres nostalgiques de Franco, de Mussolini, d' Hitler et de leurs régimes liberticides partout au monde…
C’est l’extrême droite qui donne le ton
Alors, ayant tout ça en tête, on peut comprendre que des événements et des « phénomènes » sociaux de notre temps, qui à première vue paraissent inexplicables et sans rapport entre eux, acquièrent un sens dès qu’on dévoile leur matrice commune d’extrême droite. Une matrice commune qui inclut des forces qui existent tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des gouvernements néolibéraux presque dans toute l’Europe Unie. Voici donc pourquoi c’est l’extrême droite qui donne le ton, quand elle ne domine pas totalement le mouvement anti-vaccin, à l’instar de ce qu’on a vu se passer aux États-Unis où les partisans de Trump ont fait école et ont essaimé de par le monde. Et c’est partout la même transformation du mouvement anti-vaccin en secteur d’intervention privilégié de l’extrême droite dure, qui peut ainsi populariser comme jamais auparavant plusieurs de ses chevaux de bataille traditionnels : le racisme, le complotisme, le culte de la mort et de la violence, la haine du rationalisme et de la science, la dépréciation de la vie et même l’occultisme et le mysticisme d’un Himmler et de ses SS…
En réalité, l’intervention de l’extrême droite dans les mouvements anti-vaccin est si bien organisée et coordonnée parce qu’elle profite du soutien matériel, médiatique et politique des mêmes très grandes fortunes nord-américaines qui ont soutenu Donald Trump et financent jusqu’à aujourd’hui les campagnes contestant la réalité de la catastrophe climatique. Évidemment, ce n’est pas un hasard qu’au centre de ce conglomérat archi-réactionnaire du grand capital se trouvent les inévitables frères Koch, les « rois » des combustibles fossiles. Ni qu’ils font -depuis bientôt deux ans-tout leur possible pour « inciter » les gouvernants à donner la priorité non pas à la santé et à la vie des humains mais à leur propres profits menacés par les confinements et les autres mesures anti-Covid qui perturbent le fonctionnement de l’économie de marché avec comme résultat la chute vertigineuse des prix de leurs...combustibles fossiles !
Des événements annonciateurs de désastres
Alors, tout s’éclaire et une enquête publiée très récemment aux États-Unis2 décrit en détail la véritable guerre que le « big business » lié à l’extrême droite américaine mène depuis deux ans contre les politiques qui accordent la priorité à la défense de la santé et de la vie des citoyens menacées par le Covid et non pas aux profits des capitalistes. C’est ainsi que du refus de la plupart des gouvernants à mettre en place des confinements dignes de leur nom à leur recherche de la tristement célèbre «immunité collective», et des attaques des anti-vaccins à la science et aux scientifiques à leur « résistance » à la prétendue « dictature » imposée par ceux qui prennent la pandémie au sérieux, toutes ces dérives et délires anti-scientifiques, irrationnels et réactionnaires tirent leur origine dans les « travaux » et les manifestes de la myriade des think-tanks et autres fondations mises en place et financées par les freres Koch, le milliardaire des hedge funds Robert Mercer et leurs pareils.
Ceci étant dit, ici on n’a pas affaire à quelques phénomènes sociaux marginaux et occasionnels qui pourraient être attribués à une prétendue paranoïa de masse, et qui seraient condamnés à disparaître au prochain retournement de l’opinion publique. Ici on est devant des événements annonciateurs des désastres de dimensions historiques et c’est carrément ahurissant qu’ils n’ont pas encore provoqué le réveil et la mobilisation générale de la gauche partout au monde. Et ceci non seulement parce qu’il s’agit des phénomènes sociaux de masse, mais aussi parce qu’ils se distinguent par leur extrême agressivité et l’usage d’une violence souvent assassine contre ceux et celles qui se trouvent traditionnellement dans la ligne de mire des mouvements fascistes : les organisations, les mouvements et les collectivités des travailleurs, des opprimés et des exclus, ainsi que les migrants, les minorités ethniques, raciales et sexuelles, et évidemment les femmes et les mouvements féministes.
Défendre la solidarité… et la vie
Voici donc pourquoi des mouvements, des sectes et des « phénomènes sociaux » à première vue sans rapport entre eux, comme les anti-vaccin, le Qannon et ses variantes, les divers « justiciers » qui vont jusqu’à faire des appels publics aux armes (!) ou encore les mouvements misogynes violents qui pointent le nez presque partout ces derniers temps, sont liés entre eux au point d’être des véritables vases communicants avec une matrice commune d’extrême droite ! D’ailleurs, les plus dures des organisations et partis d’extrême droite de nos temps, qui par ailleurs sont ceux qui se développent le plus, comme l’espagnol Vox ou ceux de l’Europe Centrale et Orientale, traduisent de plus en plus en actes (violents) leur racisme et leur misogynie, leur complotisme et leur haine du rationalisme et de la science, leur culte de la violence et de la mort. C'est-à-dire tout ce qui constitue à la fois leur signe distinctif et leur « programme »…
La conclusion crève les yeux : l’accoutumance de masse à la mort et à la dépréciation de la vie provoquée tant par les politiques anti-Covid de nos gouvernants que par les mouvements anti-vaccins est peut être la plus directe et la plus terrible de toutes les menaces que doit affronter aujourd’hui la gauche mais aussi tout être humain un tant soit peu progressiste. Et force est d’admettre que, logiquement, cette constatation devrait rendre plus que prioritaire le combat contre cette menace, et pousser dans les rues plus massivement que jamais les défenseurs et les défenseuses de la bonne vieille solidarité et de la vie !...
- 1. Ce n’est évidemment pas un hasard que l’admirateur trop zélé de Franco et de son mouvement fasciste, le célèbre écrivain Grec Nikos Kazantzakis a choisi de titrer « Viva la Muerte » le livre rassemblant ses articles écrits pour le compte du quotidien conservateur d’Athènes qui l’avait envoyé en Espagne pour couvrir la guerre civile.
- 2. "How The Koch Network Hijacked The War On COVID" : https://www.dailyposter…