Lors des dernières mobilisations, vous avez souvent dit que du principe initial de la Sécu « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins », on est passé à « chacun doit payer selon ses besoins et reçoit selon ses moyens ». Pouvez-vous préciser ce que cela signifie concrètement pour un cabinet médical dans un quartier populaire ?
C’est très simple : celles et ceux qui ne peuvent pas se payer de mutuelle et qui sont considéréEs comme pas assez pauvres pour avoir droit à la CMU doivent renoncer à beaucoup de soins. Pour les étrangers sans papiers qui n’ont pas encore l’Aide médicale d’État, c’est pire. Les dépassements pas toujours pris en charge par les mutuelles privent beaucoup de patients du recours à des spécialistes et/ou à des opérations dans le lieu de leur choix ou tout simplement sans trop attendre.
En décembre 2010, avec d’autres médecins, vous avez lancé le Manifeste des médecins solidaires qui entend s’opposer à tout ce qui tend à restreindre l’accès aux soins et à leur remboursement. Il veut défendre une médecine de qualité pour toutes et tous et une Sécu vraiment solidaire. Quelles sont les avancées et perspectives ?
Si beaucoup de médecins s’engagent dans cette voie et que des partis politiques se battent pour que des lois mettent un terme à la privatisation de la Sécurité sociale et mobilisent vraiment pour des mouvements d’envergure, on peut gagner.
Et durant toutes ces bagarres, quelle a été l’attitude des différents syndicats de médecins ?
MG France, UGé et le syndicat des médecins salariés ont soutenu Didier dans l’affaire des bizones mais signent aujourd’hui les conventions qui vont dans le sens de la récompense au mérite ! Le SMG a les mêmes positions que nous mais il n’a pas été reconnu comme représentatif par la gauche au pouvoir…
Et pour terminer : si c’était à refaire ?
On recommencerait mais en veillant davantage à ce que nos combats servent au NPA non seulement dans sa construction locale, non seulement dans l’élaboration de son programme de santé mais aussi autour de propositions législatives dont nous pourrions nous servir pour donner un sens important à nos luttes vis-à-vis de celles et ceux qui se retrouvent à nos côtés, ou qui hésitent, ou qui peuvent être sensibles aux sirènes des pouvoirs publics tout en étant indignés. La démonstration politique aurait été ainsi meilleure, car davantage relayée par un programme anticapitaliste et autour duquel auraient pu se regrouper toutes celles et tous ceux concernéEs à un moment ou un autre.