Hélicoptères en ville au dessus des manifestants, tirs de grenades lacrymogènes en rafale, tabassages en règle, interpellations, comparutions immédiates et peines de prison, voilà ce que le pouvoir en place réserve aux jeunes qui se mobilisent contre sa loi travail.
« Un pouvoir qui matraque la jeunesse est faible et méprisable », proclame à juste titre l’appel d’un collectif de centaines d’universitaires et d’artistes mobilisés contre la répression. S’en prendre à des lycéens, des étudiants lorsqu’ils font un sit-in à Metz ou lors de manifestations à Rennes, Paris, Colombes, Levallois, Nantes, Caen, Rouen, Besançon ou encore Toulouse, est forcément le fait d’un pouvoir aux abois. Devant l’émotion soulevée par la vidéo du matraquage du lycéen de Bergson à Paris, un policier sera jugé. Mais ailleurs ? Un jeune lycéen parisien raconte le comportement d’« enragés » des CRS, alors qu’il a été frappé dans le dos lors d’un rassemblement. A Rennes, près de 1000 grenades lacrymogènes ont été lancées contre une seule manifestation ! En protestation, des rassemblements contre les violences policières se sont tenus dans plusieurs villes de province.
Hollande, Valls et leurs comparses, lécheurs de bottes des patrons, ont décidé de se soumettre entièrement à la volonté des capitalistes, et de leur offrir sur un plateau des salariés bon marché, en cassant les quelques protections dont disposent les travailleurs. Et malheur à ceux qui protestent : les salariés d’Air France qui s’en sont pris à la chemise de leur patron, les Goodyear se battant contre les licenciements sont traînés devant les tribunaux, traités comme des criminels ; la population de Mayotte, qui a réclamé lors d’une grève générale de 15 jours l’égalité avec la métropole, s’est vue opposer des engins blindés.
La jeunesse, très mobilisée contre cette loi qui veut faire revenir la société des décennies en arrière, et fer de lance de la mobilisation, en paie le prix. Partout, elle est « victime d’un niveau de répression proprement insoutenable », constate l’appel. Le pouvoir en a une peur bleue, car elle est à ses yeux incontrôlable. Alors, il donne l’ordre à ses sbires de frapper, de provoquer, de façon à ce que ce soient les violences, les affrontements qui passent au premier plan, et non les contestations ni le nombre de manifestants. Pour cela, il emploie des policiers déguisés en syndicalistes, « reconnaissables à leur sac à dos Quechua gris » ironise un syndicaliste de Sud santé.
Politique minable qui table sur la peur, mais qui peut se retourner contre ses auteurs. Car si en face la réaction peut être le découragement, elle peut aussi prendre la forme de la révolte et de la colère. Colère de tous : ceux qui subissent la répression et tous ceux qui sont écœurés de voir leurs enfants matraqués.
Décourager les jeunes de maintenir le mouvement de protestation et d’effectuer la jonction avec les salariés est une préoccupation majeure du pouvoir. Lors de la venue des étudiants à la gare Saint-Lazare pour diffuser des tracts à destination des cheminots, les CRS ont été particulièrement violents.
Mais c’est quitte ou double. La politique de la matraque n’est pas toujours gagnante : partout, et malgré les vacances scolaires, des jeunes continuent à être mobilisés et préparent la rentrée. Dans toute la France, en outre-mer aussi, en particulier en Guadeloupe où le mouvement lycéen vient de démarrer très fort, des milliers de jeunes continuent à manifester pour réitérer leur opposition à la loi.
Car la jeunesse sait qu’il y va de sa vie, de son futur. Elle sait que déjà aujourd’hui, l’avenir qu’on lui prépare est loin d’être rose, mais qu’avec cette loi, tout ce que les générations passées ont obtenu grâce à des luttes prolongées, en s’affrontant à la police et aux forces de répression, est grandement menacé.
« Ni chair à patron, ni chair à matraque » : un slogan que l’on n’a pas fini d’entendre chez les jeunes mobilisés.
Régine Vinon