Notre discussion sur la stratégie est une incontournable nécessité pour trois raisons qui tiennent à notre projet, à sa nature comme à la période dans laquelle il intervient. La première est que quand nous avons engagé le processus de fondation du NPA, nous avons laissé bien des questions en suspens en prenant l'engagement d'ouvrir rapidement le chantier, ce que nous n'avons pas fait. Deuxièmement, les questions laissées en suspens ont trouvé des réponses dans la pratique pour aboutir à la scission de la GA. Pour que le NPA puisse retrouver un élan il nous faut poursuivre le travail de clarification. La troisième, la plus importante, qui résume les deux autres est que l'ensemble du mouvement ouvrier, du mouvement anticapitaliste et révolutionnaire, est confronté à une nouvelle phase de développement du capitalisme.
La deuxième grande mondialisation capitaliste, un siècle après la première qui avait débouché sur le développement de l’impérialisme et deux guerres mondiales, a profondément transformé le capitalisme et la planète au point qu’il n’est plus possible de conserver la même grille de lecture des luttes de classes à l’échelle internationale.
Les bouleversements résultant de ce qu’il est convenu d’appeler le grand basculement du monde ont été accélérés, accentués par la crise qui a commencé en 2007-2008 et semble se prolonger dans une crise chronique, long processus de stagnation et de décomposition du capitalisme.
Le capitalisme a triomphé à l’échelle de toute la planète. En délitant les vieux cadres de domination des grandes puissances et des classes capitalistes, il n’apporte que crise, régression sociale et démocratique, guerres, catastrophe écologique. Il ouvre une période de guerres, d’instabilité et de révolutions.
Ce nouveau stade de développement du capitalisme combine les vieux rapports impérialistes avec les nouveaux rapports du libéralisme mondialisé. C'est pourquoi il semble juste de reprendre à notre compte la formule d’impérialisme libéral.
C’est cet ensemble qu’il s’agit de définir à la fois par rapport à l’histoire du capitalisme et, en conséquence, par rapport aux possibilités d’une nouvelle organisation économique et sociale, le socialisme et le communisme.
Il ne s’agit pas d’une discussion académique autour d’une définition formelle de l’impérialisme mais bien de tenter de saisir les évolutions dans leur globalité en les inscrivant dans un débat stratégique, celui des perspectives révolutionnaires.
Cela renvoie à un vaste travail collectif en lien avec nos tâches militantes.
Le développement parasitaire du capital financier a donné naissance à une masse considérable de capitaux spéculatifs accompagnée d’une diminution des investissements productifs. Ce caractère parasitaire s’exprime dans une économie de la dette.
On assiste à une concentration des richesses à un niveau jamais vu.
La classe ouvrière mondiale a connu un développement considérable à travers un marché du travail mondialisé où les salariés sont mis en concurrence à l’échelle de la planète remettant en cause les acquis de « l’aristocratie ouvrière » des vieilles puissances impérialistes, sapant ainsi les bases matérielles du réformisme.
Une nouvelle division internationale du travail s’opère à travers le développement économique des anciens pays coloniaux ou dominés, mondialisation de la production et non simple internationalisation, « une économie mondiale intégrée » comme le dit Michel Husson.
Les monopoles se sont développés en sociétés transnationales à l’activité industrielle, commerciale, financière diversifiée et une concentration telle que 147 multinationales possèdent 40% de la valeur économique de l’ensemble des multinationales du monde entier.
L’instabilité croissante du monde qui en résulte conduit à une montée des militarismes, à des tensions croissantes qui ont contraint les USA à se redéployer militairement tout en cherchant à associer à leur politique de maintien de l’ordre mondial les vieilles puissances, l’Europe, le Japon et les pays émergents. Le redéploiement de l’Otan en a été l'instrument. Cette politique est un échec qui a engendré une instabilité croissante et le développement du fondamentalisme religieux, terroriste, facteur de chaos permanent.
L’exacerbation de la concurrence internationale sous les effets de la crise aboutit à une instabilité grandissante, un chaos géopolitique, une multiplication des conflits militaires. L’ordre capitaliste mondial est engagé dans un processus de décomposition dont naîtra une nouvelle phase de crise révolutionnaire.
Cette évolution donne à l'internationalisme un contenu concret qui s'enracine dans la vie quotidienne de millions de prolétaires. La question sociale et la question internationale sont perçues comme étant bien plus interdépendantes qu'elles ont pu l'être par le passé. L’instabilité croissante tant au niveau national qu'international, la déstabilisation des États face aux travailleurs et aux peuples ouvrent de nouvelles possibilités pour l'intervention des classes exploitées, elles donnent de nouvelles bases objectives aux perspectives de transformation révolutionnaire de la société.
Yvan