Publié le Mercredi 22 avril 2009 à 00h17.

Climat social : l'extension de la révolte

Le climat social se tend et les luttes se radicalisent. 

A la fin de la première semaine d’avril, alors que les salariés de Sony, de 3M, de Caterpillar et de Scapa, qui vont être jetés à la rue parce que les patrons de ces groupes ont décidé de fermer leur usine, avaient déjà retenu pendant quelques heures plusieurs de leurs cadres, Sarkozy menaçait : « Je ne laisserai pas faire les choses comme ça. » La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, de son côté, parlant du mouvement des universités, condamnait « la violence, la séquestration des présidents et les menaces de boycott des jurys du bac».

Mais les actions dans les universités mobilisées comme celles des salariés licenciés ou en chômage partiel n’ont pas cessé pour autant, faisant au contraire tache d’huile. Sur un des sites de Faurecia, une filiale du groupe automobile Peugeot qui prévoit de supprimer 1215 postes, trois cadres ont été retenus pendant plusieurs heures. Chez ArcelorMittal, les syndicats de l’usine de Florange (Moselle), dont le trust ferme les deux hauts-fourneaux pour une « durée indéterminée » ont décidé d’occuper le centre d’aiguillage. A Valenciennes, où une grève avait débuté à Toyota le 6 avril pour le paiement à 100 % du chômage partiel, les salariés ont bloqué les accès de l’usine. Comme également ceux de Caterpillar à Grenoble et à Echirolles.

Et voilà que, grâce à leur détermination, les salariés d’ERDF-GRDF, dont la grève était ignorée d’une façon scandaleuse par les médias, ont réussi à percer le mur du silence. Fillon et Hortefeux ont violemment attaqué les grévistes et les « coupures sauvages » cyniquement taxées de « sabotages » par ceux qui n’ont eu de cesse de saboter le service public et de choyer les actionnaires des grands groupes responsables de la crise et des licenciements. Or les grévistes gaziers et électriciens n’effectuent pas des coupures au hasard, mais ciblent les immeubles administratifs, les centres commerciaux ou les zones industrielles. Mieux, ils ont dans certains endroits réalimenté des logements privés d’électricité pour facture impayée ou fait passer certains quartiers en tarif heures creuses, comme à Morlaix. De quoi faire se retourner les calomnies des ministres contre le gouvernement, ce qui, nous l’espérons, ne manquera pas d’arriver.

Ce qui inquiète le gouvernement, comme aussi les dirigeants du PS ou Bayrou qui ont condamné la « violence » tout en disant comprendre le « désespoir » des salariés, c’est que ces actions, ces occupations ou blocages d’usines, la grève des gaziers et des électriciens, sortent des cadres institutionnels à l’intérieur desquels ils voudraient les voir rester, sous le contrôle de la direction des appareils syndicaux. C’est là d’ailleurs, pour les classes dirigeantes, le revers de la passivité des directions syndicales. Les salariés, qui en ont assez des journées d’action sans lendemain, prennent des initiatives par eux-mêmes et s’organisent. Et ce n’est pas un hasard si l’éditorial du Figaro du 9 avril exprimait de la hargne contre le LKP en Guadeloupe ou la coordination nationale des universités, « collectifs d’individus qui parviennent à imposer leurs diktats au plus grand nombre. » Car, pour tous ces gens-là, contester la liberté de nuire de la minorité richissime qui décide du sort de millions de salariés, cela ne peut être que manipulation et dictature.

Face aux menaces du patronat et du pouvoir, il est plus que jamais nécessaire que soit apporté un soutien unitaire, le plus large possible, à ces luttes, d’aider à leur convergence et à ce qu’elles puissent déboucher sur une grève générale.