Publié le Mercredi 26 mars 2014 à 09h44.

Interluttants du spectacle

Dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 mars, aux termes d’une parodie de négociations, le Medef, la CFDT et FO concluaient un accord. L’annonce était attendue : qu’allait-il advenir du régime spécifique (annexes 8 et 10) d’assurance chômage des intermittents du spectacle et de l’audiovisuel que le Medef voulait supprimer ? Depuis quelques semaines, la mobilisation, riche des acquis de la grève de 2003, gagnait en nombre et en radicalité. La propagande médiatique fit son travail : les annexes étaient supposément sauvées, le Medef avait renoncé ! La ministre de la Culture se félicitait, etc. Circulez, plus rien à voir, on y reviendrait certes plus tard, mais pour l’heure : victoire !Et pourtant, l’accord signé est inacceptable. Il entérine et accroît les inégalités de celui, dévastateur, de 2003, s’attaquant aux plus fragiles et aux plus précaires. Ainsi, les intérimaires (annexe 4) en seront les plus immédiates victimes. Ainsi l’application de la franchise (ou carence) pour les petits et moyens salaires, l’augmentation des cotisation des intermittents témoignent sans fard de qui est visé et qui est épargné. À la marge, des mesures tentent de faire croire que l’accord est progressiste : on connaît la chanson qui, sous couvert de victoires sociales, entérine les pires régressions.La riposte a été immédiate : convocations d’AG, occupation du Carreau du Temple à Paris évacué de façon brutale, etc. À la télévision, dimanche soir, devant les images de la violente expulsion d’intermittents et de précaires du siège d’Anne Hidalgo, le sénateur PS Assouline les dénonçait comme des « provocateurs »... Tout était dit en quelques mots, démasquant la prétendue solidarité du gouvernement avec les intermittents : ici encore et comme partout, le PS soutient en fait et quoi qu’il en dise la guerre sociale que mène le patronat.Patrons et gouvernement, aidés par certains syndicats, pensaient éteindre l’incendie. Rien n’est moins sûr, cependant : leur cynisme et leur brutalité produisent colère et détermination. Les dernières semaines furent riches en convergences (chômeurs et précaires) et confiance retrouvées. Une épreuve de force exemplaire s’engage : elle unit artistes et techniciens, chômeurs et précaires, créateurs et publics contre la logique destructrice des intérêts du Medef.

Olivier Neveux