Publié le Jeudi 29 juillet 2010 à 21h08.

Stress tests, un aveu cynique

Les premières conclusions des stress tests portant sur 91 banques d’Europe ont été publiées le 23 juillet. La solidité du système bancaire européen en sortirait conforté, la confiance ébranlée par la crise de mai serait restaurée… Christine Lagarde qui suivait « ce dossier comme le lait sur le feu » mais « totalement confiante sur le résultat des banques françaises » peut partir en vacances. Tout va bien ! Les Bourses européennes ont réagi à la hausse, en particulier, les actions des banques, l’euro remonte par rapport au dollar… Les quatre grandes banques françaises soumises aux tests, BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et BPCE ont passé brillamment l’épreuve et les banques grecques affichent leur bonne santé… Certes, il y a bien quelques mauvais éléments, sept en tout et pour tout, sans surprises, principalement les Caisses d’épargne d’Espagne ou l’Hypo Real Estate d’Allemagne. Il fallait bien quelques échecs pour donner quelque crédit aux succès, sinon à quoi bon. L’opération visait à rassurer les particuliers et l’opinion. Les véritables acteurs ne sont, eux, pas dupes. Si personne ne connaît la fiabilité de ces tests, le scénario catastrophe face auquel les banques étaient censées être évaluées est en lui-même un aveu des plus cyniques. Il testait la capacité des banques à faire face à une récession de 3 % cumulés sur un an et demi, liée aux politiques de rigueur conduites par les pays endettés et à une chute de la valeur des dettes souveraines. La crise grecque de mai en plus fort… Si on peut avoir des doutes sur la capacité des banques à faire face, même du point de vue de la stabilité du système financier et du crédit, c’est-à-dire des intérêts des classes possédantes, il n’y a aucun doute sur la crédibilité du scénario catastrophe. Celui-ci est construit sur une des hypothèses les plus probables du développement à venir de la crise. Le véritable test pour y faire face, c’est celui de la capacité du monde du travail à défendre ses droits, à inverser le rapport de forces pour mettre hors d’état de nuire les rapaces de la finance.

Yvan Lemaitre