Publié le Mercredi 29 avril 2009 à 17h58.

EDF GDF : étendre la grève !

La grève des agents des réseaux de distribution ERDF/GRDF se poursuit. Nous avons rencontré Patrice Perichou, militant syndical CGT EDF/GDF de Paris. 

 

 

En quoi le mouvement à ERDF/GRDF est-il inédit ?

La lutte chez nous est partie suite à la victoire des méthaniers. Tout de suite, les AG ont dépassé les fédérations et ont entraîné les syndicats dans l'action. Les salariés, en particulier les plus jeunes, ont voulu des formes d'action visibles et fortes. Les AG ont donc décidé de procéder à des coupures de gaz, ce qui ne s'était pas vu depuis 40 ans. Elles ont également organisé des coupures ciblées d'électricité. Ensuite, ce qui a prévalu, ce sont les mises en heures creuses, c'est-à-dire au tarif réduit. Dans certains endroits, les hôpitaux ont été déconnectés du point de vue tarifaire pendant une journée, ce qui veut dire que ces services publics n'ont pas payé d'énergie.

Les grévistes et leurs sections syndicales ont mis en place des piquets de grève avec blocage et parfois occupation des locaux. Sur la région parisienne, des AG se sont tenues par services, pour se regrouper ensuite en AG centrales. Ce sont les AG centrales qui ont décidé des actions à mener. 

Où en sont les négociations ?

Les directions ont été surprises par la nature et l'ampleur du mouvement. Après avoir fait semblant de négocier, elles ont joué le pourrissement en tentant d'isoler les grévistes pour mieux les réprimer. On est passé des menaces aux sanctions lourdes, au matraquage par les flics devant le siège social de la boîte puis à la rafle de 100 grévistes, à la mairie de Paris, à la demande de celle-ci. Les militants les plus en vue ont subi une surveillance permanente des RG.

Nous demandons 300 euros d'augmentation - ou deux niveaux de rémunération, soit 5% -, l'arrêt de l'externalisation de nos activités ainsi qu'un plan d'embauche massif.

Aujourd'hui, les avancées sont minimes. Le danger de ces négociations est qu'elles se font entité par entité, au niveau de la branche mais également au niveau des filiales d'EDF-GDF, des entreprises, et parfois au sein des grandes directions comme la production. Alors qu'il s'agit de traiter de revendications communes. Les directions font du saucissonnage pour diviser en fonction des rapports de force. Les fédérations n'ont pas l'air de le comprendre.

Tout cela pose la question de la démocratie du mouvement et du contrôle des négociations par les salariés en lutte. Dans un secteur hypercentralisé, la tradition syndicale est elle-même hypercentralisée. C'est au personnel en lutte de décider et de voter sur la réponse à apporter aux propositions des directions. 

Comment sortir vainqueur de cette lutte ?

Dans un contexte général de développement des luttes et de radicalisation, que nous sentons fortement dans nos établissements, la solution n'est pas de rogner sur nos revendications, comme l'interfédérale (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) est tentée de le faire, mais d'étendre la grève, en particulier au RTE (transport électrique) et à la production. Les fédérations ne jouent pas le rôle moteur qu'elles devraient jouer et se contentent d'épouser le mouvement. 

Quels sont les premiers enseignements de la grève ?

Celles et ceux qui sont partis dans la bagarre, en particulier les jeunes, l'ont fait en s'affranchissant des logiques des appareils fédéraux. Ils sont partis en grève sans attendre d'ordres venus d'en haut, en sortant de la logique des grèves de 24 h sans lendemain et en cherchant l'efficacité. Ces pratiques-là vont rester. 

Propos recueillis par notre correspondant.