Publié le Mercredi 1 octobre 2014 à 09h42.

Air France : après deux semaines de grève

Cette grève a été motivée par l’attaque massive que représente le projet Transavia Europe, un milliard d’euros issus du travail des salariéEs d’Air France pour créer une entreprise low cost, avec des contrats de travail portugais ou allemands, des salaires inférieurs et la perspective d’une faillite de la caisse de retraite des pilotes.

Cette lutte a vu la création d’une intersyndicale : tous les syndicats de pilotes – SNPL, SPAF et ALTER –, des hôtesses et stewards, et pour le sol seulement la CGT et Sud Aérien.

Retrait de Transavia EuropeLe gouvernement en difficulté sur cette délocalisation à l’étranger a fait pression pour le retrait de ce projet, obtenu après 9 jours de grève, une première victoire saluée par tous les salariéEs. Mais l’attaque s’est déplacée avec le projet d’un Transavia France, passant de 13 à plus d’une centaine d’avions, low cost « made in France »... Le premier syndicat de pilotes, le SNPL, y était favorable à une condition : que les avions soient des Airbus A320 pilotés par les pilotes Air France. Cela sans s’offusquer que les autres emplois soient sous-traités...Face au durcissement gouvernemental et aussi à un certain isolement par rapport aux autres salariéEs de la compagnie, le SNPL a donc suspendu le mouvement après 14 jours, mais sans signer d’accord. Les pilotes n’ont pas obtenu plus que le maintien de leur protocole de 2007 (seulement l’ouverture de lignes hors Air France…), mais par contre, il y a déblocage du nombre d’avions, limités dans ce protocole à 14 : ce seront des Boeing B737, ce qui empêche le projet des pilotes Air France de passer d’une compagnie à l’autre.

Une brèche ouverteCeci ouvre une nouvelle période pour les autres salariéEs. Mais il y a plusieurs problèmes : l’attitude de plusieurs syndicats au sol, qui ont hurlé avec le loup De Juniac et le gouvernement contre la grève ; la participation de syndicalistes CGC, CFDT et Unsa à la manifestation antigrève au siège, qui a pourtant été un échec avec quelques centaines de salariéEs sur un total de plus de 40 000 salariéEs en région parisienne (cela avec des cars affrétés d’Orly, des emails de la hiérarchie recommandant de s’y rendre, le tout payé bien entendu…).La majorité des salariéEs était méfiante envers un conflit perçu comme corporatiste, mais aussi favorable à une défaite de la direction. Cette grève ouvre donc une brèche pour mobiliser les autres catégories de personnels menacées par le projet Transavia : hôtesses et stewards, personnels au sol assurant l’assistance dans les aéroports, et l’entretien des avions. Car, combiné au développement de la compagnie Hop, elle aussi contrôlée par Air France, Transavia France, c’est le transfert de la totalité court et moyen-courrier à des filiales low cost françaises. La création de 1 000 emplois, se réjouit Valls... mais sur les décombres des 6 000 emplois Air France supprimés et leur baisse continuelle.

Construire de nouveaux liensDes luttes sont à venir, avec la possibilité de nouveaux liens entre personnels au sol et navigants. Ainsi jeudi 26 septembre la visite « historique » à l’invitation de Sud Aérien (la CGT s’est décommandée au dernier moment….) de 5 commandants de bord du syndicat Alter dans les ateliers moteurs d’Orly, visite très bien accueillie par les salariéEs.Air France pleure sur ses 200 millions de perte liée à la grève... à mettre en regard avec son milliard de gains sur les six dernier mois. Cette grève marque un tournant avec l’entrée en lutte contre l’ultra­libéralisme d’une catégorie qui, jusqu’à récemment, se voyait cogérer l’entreprise et qui, face aux attaques, se découvre salariés en lutte plutôt qu’actionnaires !

Correspondants NPA aérien