Publié le Jeudi 7 juin 2018 à 10h15.

Air France : le mur du silence

Après la consultation qui a vu les salariéEs refuser le projet de la direction à plus de 55%, Janaillac, le président d’Air France-KLM, a démissionné comme il l’avait annoncé. Une « gouvernance de transition » a été mise en place avec Anne-Marie Couderc comme présidente non exécutive.

Le conseil d’administration a nommé cette gouvernance sans « nouveau mandat pour prendre des décisions qui remettraient en cause la stratégie de croissance approuvée par le conseil d’administration d’Air France-KLM ». En clair : pas de mandat de négociation avec l’intersyndicale. Quelques jours à peine après sa nomination, ses casseroles rattrapaient Couderc. Un rapport parlementaire paru le 11 avril, et passé inaperçu à l’époque, fait un bilan à charge de sa gestion de Presstalis, qui a supprimé un millier d’emplois en touchant des aides publiques. Et avec des notes de frais astro-nomiques pour sa présidence.

Mauvaise perdante

Une fois sa nomination annoncée, l’intersyndicale a officiellement demandé à Couderc de la rencontrer. Elle a refusé de recevoir l’intersyndicale, mais a organisé des réunions bilatérales avec les syndicats représentatifs. Et à tous elle a tenu le même discours : je n’ai pas de mandat pour négocier. Quel affront pour les salariéEs ! La direction a elle-même organisé une consultation sur un sujet précis : son projet sur les salaires. Et désormais, personne n’assume de répondre aux salariéEs en rouvrant des négociations salariales. La direction d’Air France argumente en disant que le « non » à la consultation est le reflet d’un malaise plus général que les salaires, ce qui est en partie vrai. Mais elle ne compte rien faire, à part afficher ses bonnes intentions, pour répondre à la souffrance croissante des salariéEs qui ont enchaîné les réorganisations et plans d’économie ces dernières années.

La mobilisation va repartir

En parallèle, les milieux d’affaires s’agitent avec la proposition du groupe hôtelier Accor de racheter la participation de l’État dans la compagnie. Au cours actuel d’Air France en Bourse, sous-évalué, ce serait une belle affaire pour ce groupe et l’abandon par l’État du contrôle d’un secteur stratégique. Avec en arrière-fond la privatisation d’un autre poids lourd du secteur, Aéroports de Paris. Les requins de la finance s’agitent.

Face à cela, l’intersyndicale Air France a fait le constat que le pseudo-dialogue engagé par la nouvelle direction n’aboutit à rien. Réunie le 4 juin, ses représentantEs ont annoncé un « été houleux » : « L’intersyndicale dans sa totalité a décidé de ne pas en rester là ». Elle doit annoncer les prochaines journées de grève dans les jours à venir s’il n’y a pas de changement. Après le résultat de la consultation et face au mépris affiché par la nouvelle direction, on peut s’attendre à des -mouvements suivis.

Correspondants