Publié le Mercredi 13 février 2019 à 11h12.

Guadeloupe : la lutte a payé, les salariéEs de Carrefour Milenis ont gagné

Au 78e jour de grève, la direction de Carrefour Milenis a dû céder sur les revendications des grévistes. Les patrons békés ont dû ravaler leur morgue et revenir sur l’avalanche de mauvais coups portés aux salariéEs de Carrefour. En remettant en cause des avantages acquis, dont de nombreuses primes, la direction avait l’intention de priver les salariéEs de 1 600 à 2 000 euros par an sur leurs salaires !

Il aura fallu du courage et de la détermination aux 149 grévistes (plus de 60 % de l’effectif) pour tenir si longtemps. Mais ils et elles ont eu raison, car leur lutte a été victorieuse. Une victoire importante pour touTEs les travailleurEs de l’île, qui se feront respecter par leurs patrons, également tentés par des remises en cause des acquis sociaux.

Victoire sur les principales revendications

Les grévistes ont gagné sur leurs revendications principales : le fait qu’ils et elles soient payés lors de leurs arrêts maladie et que la direction se fasse rembourser par la Sécu (la subrogation), l’augmentation de leur prime d’ancienneté, qui sera intégrée au salaire, une grande avancée pour leurs retraites futures. Les temps de pause seront intégrés au temps de travail. La direction s’était vantée d’économiser 400 000 euros en ne payant pas ces pauses. L’indemnité de transport sera augmentée. Le seul point où les grévistes n’ont pu faire céder la direction, inflexible sur le sujet, c’est le paiement des jours de grève.

C’est pourquoi le soutien financier est plus que jamais nécessaire. Il a été constant durant toute la grève, qui a été soutenue par les autres travailleurEs de l’île. Les collectes organisées par les grévistes ont rencontré un grand succès.

L’intransigeance des patrons était telle qu’il a fallu que le préfet intervienne pour mener les négociations. Il faut dire que ces patrons-là sont les descendants d’esclavagistes, méprisant leurs salariéEs, descendants d’esclaves, comme le faisait remarquer très justement une historienne guadeloupéenne à la télévision. C’est pourquoi les conflits du travail sont souvent durs aux Antilles. 

Ce conflit restera cependant dans les annales du mouvement ouvrier de Guadeloupe par sa longévité, la sympathie qu’il a rencontrée, lors des meetings ou des concerts de soutien. Mais aussi du fait que les grévistes étaient pour beaucoup des femmes, solidaires et déterminées, qui ne s’en sont pas laissé conter.  

Organisation démocratique de la grève

Une partie de ce succès provient également de l’organisation démocratique de la grève. Ce sont les assemblées générales quasi quoti-diennes, ou même deux fois par jour, qui décidaient des actions à mener, et de la poursuite du mouvement. Les syndicats CGTG et UGTG soutenaient, mais ce ne sont pas les responsables syndicaux qui décidaient. C’est ainsi que devant le refus patronal de céder sur le paiement des heures de grève, les grévistes se sont réuniEs à part et ont décidé, après une bonne discussion, qu’ils et elles acceptaient le protocole. C’est cette organisation, outre le soutien de la population, qui a permis à ce mouvement de gagner. L’accord a été signé dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 février. Le lundi, les grévistes se sont rassembléEs devant l’hypermarché pour tirer un bilan, et ils et elles ont décidé tous ensemble de reprendre le travail mardi 12 février, la tête haute.

Régine Vinon