Publié le Jeudi 15 octobre 2015 à 06h29.

Hôtellerie de prestige : Des revendications qui ne sont pas du luxe

Ce jeudi 8 octobre, il n’y avait pas que la fort conventionnelle manifestation interprofessionnelle, certes un peu dynamisée par les grévistes d’Air France. C’est aussi sur le rythme du tube de la semaine, « Tomber la chemise », que les salariéEs de l’hôtel 5 étoiles Westin Paris-Vendôme se sont rassembléEs dans une rue de Castiglione aux passants peu habitués à ce genre de manifestation.

Hôtel de prestige, cela signifie un prix « bas » autour de 500 euros la nuit pour aller jusqu’à plus de 2 500 euros pour une suite... Le genre de nuit que peut se permettre Sarkozy, sur ses «frais » personnels. Du moins le prétend-il….

Un cahier bien rempli

Depuis le 29 septembre, les 25 employéEs, femmes de chambre, sont mobilisés autour d’un cahier de revendications bien rempli : 13e mois pour tous ; remboursement à 100 % de la carte Navigo ; paiement d’une prime d’habillage/déshabillage de 250 euros par an ; paiement d’une indemnité nourriture de 7,04 euros par jour pour tous ; attribution d’une prime de nuit de 25 euros par nuit travaillée ; revalorisation des mensualisations, des classifications ; primauté aux promotions internes plutôt qu’aux recrutements externes ; remise d’un planning horaire 15 jours à l’avance à chaque salarié ; arrêt des changements continuels de planning ; respect d’un délai de prévenance de 15 jours avec des jours de repos fixes ; suppression de la clause de mobilité ; transformation des CDD en CDI ; aucun contrat inférieur à 130 heures par mois.

Pour toute réponse, la direction multiplie les procédures de licenciement, tout en refusant de convoquer aux réunions des institutions représentatives du personnel les éluEs de la sous-traitance, pourtant tout à fait légalement élus.

DéterminéEs à gagner

Divers soutiens étaient présents, notamment notre camarade Philippe Poutou. Pour bien se faire entendre, les salariéEs se sont rendus en manifestation jusqu’à l’hôtel W Paris-Opéra (appartenant au même groupe, Starwood Hotels and Resorts Worldwide), toujours en prenant des rues où l’étonnement des passantEs est illustration de leur peu d’expérience de ce genre de défilé... La direction des hôtels s’abrite derrière le sous-traitant Luxe et traditions, sous-traitant qui emploie les grévistes, pour ne pas répondre à leurs revendications. Les grévistes poursuivent la grève tout en engageant des procédures juridiques pour que les employeurs respectent, au moins, le code du travail d’aujourd’hui.

Après les luttes victorieuses dans les hôtels de luxe Park Hyatt, Royal Monceau, c’est tout un secteur qui s’appuyant sur une activité volontariste du syndicat CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), se mobilise et s’organise. À l’image des salariéEs du secteur du nettoyage, avec ou sans papiers comme ceux d’Adecco dans les Yvelines, qui multiplient les luttes depuis plusieurs mois, toutes et tous démontrent que précarité ne rime pas vraiment avec résignation. Cela pourrait bien susciter le soutien et la solidarité... et donner des idées !

Correspondant