Publié le Lundi 16 janvier 2017 à 08h13.

PSA : Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît !

L’UDI est un regroupement de notables « centristes ». Son président actuel Jean-Christophe Lagarde a bien du mal à se faire reconnaître. Banco ! il a trouvé un moyen en surfant sur l’air du temps islamophobe...

Et le voilà qui révèle sur France 2 que la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay « était aussi liée à l’omniprésence religieuse et au fait qu’il y avait des exigences dans le travail ». Bien sûr, pour mettre les points sur les i, il vise la religion musulmane d’une partie des ouvriers de l’usine. Et pour ce faire, il lui faut attendre cinq ans après la fermeture de l’usine et la longue grève qui y avait été menée. Lagarde est bien incapable d’inventer quoi que ce soit, même les affabulations les plus grotesques. Il est donc allé chercher dans les poubelles des indicateurs de police ce qui constitue une rumeur datant de 35 ans...

Dès 1982, un an après l’arrivée de Mitterrand à l’Élysée et l’accession du PS et du PCF au gouvernement, des grèves d’OS de l’industrie automobile de la région parisienne, dans les usines Renault de Billancourt et de Flins, et dans celles PSA de Poissy et Aulnay, ont eu lieu. Le mouvement est particulièrement long et intense dans les usines PSA car celles-ci sortent d’une longue nuit où la famille Peugeot faisait régner l’ordre avec ses milices patronales présentes, et alors que la nouvelle situation créée par les élections de 1981 avait suscité un espoir de changement.

De toutes origines...

Le gouvernement de gauche avec quatre ministres communistes, face à des revendications portant d’abord sur les salaires et les qualifications professionnelles, choisit alors l’intransigeance et trouva des boucs émissaires. Il dénonça « des grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites », selon les déclarations du ministre de l’Intérieur de l’époque, Gaston Defferre. Il avait ainsi réussi à découvrir des chiites... parmi des ouvriers principalement issus d’Afrique du Nord. S’il y a un fait historique avéré, c’est bien cette fabrication d’un bouc émissaire.

Les usines automobiles ont, depuis les années 1950, rassemblé des ouvriers de toutes origines nationales. Celle d’Aulnay réunissait 49 nationalités différentes. L’unité de lutte ne s’est jamais construite en niant les différences d’origine. Dans ce bastion historique du mouvement ouvrier qu’était Renault Billancourt, de nombreuses formes d’organisations par langues et pays d’origine existaient, y compris dans les syndicats. Des lieux de pratique religieuse y étaient parfois aménagés dans les ateliers, et des prêtres ouvriers y travaillaient, se retrouvant pour certains à aider les militants du FLN algérien. Voilà la réalité historique que certains voudraient sortir des mémoires.

Lagarde n’a jamais mis les pieds dans une usine, sinon escorté par les services d’ordre de ses amis des directions patronales... Allons tous voir ou revoir Comme des lions, le film qui retrace la longue grève des ouvriers et ouvrières d’Aulnay, pour saisir comment leur lutte a su rassembler en s’enrichissant des pratiques et des origines de chacune et de chacun.

Jean-Claude Vessillier