Publié le Dimanche 5 mars 2023 à 20h17.

Retraites : femmes en premières lignes, femmes en lutte !

Les régressions sociales touchent généralement plus violemment les personnes les plus exploitées et opprimées. La nouvelle contre-réforme des retraites ne fait pas exception et les femmes se retrouvent une nouvelle fois sur-pénalisées par les mesures envisagées. Mais il se pourrait bien que la mobilisation des femmes vienne insuffler une radicalité au mouvement que le gouvernement n’avait pas prévue…

 

Le système actuel de calcul des retraites est déjà défavorable pour les femmes : alors que les écarts de salaires sont de l’ordre de 22 % en moyenne, les écarts de pensions sont de plus de 40 % ! Ce phénomène d’amplification des inégalités de revenus est lié en grande partie aux carrières incomplètes et à temps partiel qui sont le lot de nombreuses femmes.

Une réforme injuste pour les femmes

Le gouvernement lui-même reconnaît que la réforme obligera les femmes à travailler sept mois supplémentaires contre cinq pour les hommes en moyenne à cause du recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans. Environ 20 % des femmes sont d’ores et déjà obligées de travailler jusqu’à 67 ans pour éviter la décote contre environ 10 % des hommes. En augmentant la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein, cela va mécaniquement augmenter le nombre de personnes obligées de travailler jusqu’à 67 ans, parmi elles majoritairement des femmes et touTEs les salariéEs qui sont particulièrement touchéEs par la précarité : travailleurs/euses immigréEs, personnes raciséEs, LGBTI…

Quant à la pénibilité, sa reconnaissance est déjà lamentable mais elle est encore plus mal évaluée et prise en compte pour les emplois les plus féminisés.

Les femmes mobilisées contre la réforme des retraites

Lors des batailles précédentes, l’injustice aggravée par les modifications des modalités de calcul, avait été un des arguments importants pour convaincre contre les réformes gouvernementales. Les associations féministes, les syndicats, ATTAC… n’ont cessé d’en dénoncer les conséquences. La performance des Rosie avait largement fait le buzz. À nouveau, on voit fleurir dans les manifestations des pancartes dénonçant les inégalités de pensions, l’aggravation que ne manquera pas d’engendrer la réforme si elle passe. Tracts spécifiques, assemblées des premières concernées, collectifs féministes et/ou LGBTI, souvent en lien avec la Coordination Féministe… dans plusieurs villes, les femmes et minorités de genre s’organisent spécifiquement. Les femmes, y compris des jeunes, sont particulièrement présentes dans les cortèges. Le 15 février, un grand meeting réunira de nombreuses militantes de la gauche syndicale, politique et associative pour dénoncer le projet de réforme. La date du 8 mars approchant, le lien entre la journée internationale de lutte pour les droits des femmes et la mobilisation contre la réforme des retraites devient une évidence.

Construire la grève générale et la grève féministe

Le plan de travail annoncé par l’intersyndicale au complet pose la perspective d’un blocage du pays à partir du 7 mars en reconduisant la grève le 8. Ces dates sont un peu éloignées et il faudra maintenir la pression pour traverser la période des vacances et maintenir la mobilisation. Mais c’est aussi l’opportunité de construire la grève dans les secteurs les plus concernés : ménage, services à la personne, EHPAD, santé… nous n’avons pas fait le plein des grévistes dans ces lieux de travail, celui des premierEs de cordée de l’épidémie de COVID, les oubliéEs du Segur, ceux et surtout celles qui touchent des très bas salaires, ont des horaires découpés, sont partagéEs entre plusieurs employeurs. Il faut convaincre que malgré la difficulté « d’abandonner les usagerEs » pour faire grève, l’enjeu est essentiel ! Pas seulement pour nos retraites mais aussi pour mettre un coup d’arrêt à la politique dévastatrice du gouvernement, pour que les emplois socialement utiles soient reconnus et revalorisés. Il s’agit de choix de société essentiels qui concernent l’ensemble de la population et ont des conséquences en premier lieu sur les femmes. Toutes ces questions sont au cœur de la grève féministe du 8 mars, portée par les syndicats, les associations, les organisations politiques, les coordinations féministes. Le gouvernement avec sa réforme s’attaque aux classes populaires et en particulier aux femmes, nous construisons la riposte qui s’impose, les femmes en première ligne des luttes !