La démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra est une nouvelle manifestation de la dualité du pouvoir qui s’exerce entre le capitaine Sanogo dirigeant du coup d’État qui a fait tomber Amadou Toumani Touré (ATT), et le Président par intérim Dioncounda Traoré.Les forces militaires de la caserne de Kati – où siège le capitaine Sanogo – ont arrêté Modibo Diarra qui, le lendemain, annonçait sa démission dans une courte intervention à la télévision nationale.Les principales capitales occidentales ont condamné cette action, les militaires eux l’ont justifiée en invoquant que l’ancien ingénieur de la Nasa ne pensait qu’à renforcer son pouvoir. Si cette critique est largement partagée à Bamako, le différend portait surtout sur la manière de libérer le nord du pays occupé par les organisations islamistes.Opposition autour de l'intervention militaireLe Président par intérim, Dioncounda Traoré, a donc nommé un nouveau Premier ministre Django Cissoko haut fonctionnaire de l’État. Mais la divergence d’approche demeure. Les militaires ne veulent pas d’une intervention des troupes militaires étrangères. Ils considèrent que la libération du pays non seulement est de leur ressort mais qu’ils sont sûrs de leur réussite, éventuellement avec une aide logistique étrangère. Le Président par intérim, cacique de l’ancien régime ATT, soutient la Cédéao, l’organisation des pays de l’Afrique de l’Ouest largement influencée par la France, qui a mis sur pied une intervention militaire suscitant beaucoup de scepticisme sur les conditions politiques et financière de cette entreprise.La façon dont le pays sera libéré des forces islamistes conditionnera largement son avenir politique. Soit un Sanogo à sa tête auréolé d’une victoire militaire, soit le clan ATT avec le soutien de la Cédéao. Incidemment aussi se joue la crédibilité de la France pour continuer à jouer son rôle de gendarme de la région, après les interventions en Côte d’Ivoire pour renverser Gbagbo et en Libye pour éliminer Kadhafi.Contre tous les fondamentalismesQuant au nord du pays, chaque protagoniste tente de construire un rapport de forces sur le terrain. Le Mlna, groupement indépendantiste touarègue, a tenté par deux fois en vain des opérations militaires contre le groupe islamiste Mujao. Aqmi connaît une crise avec le départ de Mokhtar Belmokhar qui vient de fonder son propre groupe. Ansar Dine, le troisième groupe islamiste, participe aux négociations de paix et semble s’engager pour l’abandon de la charia, mais la réalité est tout autre sur le terrain. Dans la ville de Kidal que cette organisation contrôle, la population continue à être victime de la terreur obscurantiste et plus particulièrement les femmes, privées de tous leurs droits, même celui de sortir de la maison seule.Dans cette situation des plus difficiles, on ne peut que soutenir l’approche de l’appel « Disons ‘non !’ à la guerre par procuration »1 initié par des femmes maliennes qui estiment qu’elles ont « un rôle historique à jouer, ici et maintenant, dans la défense de nos droits humains contre trois formes de fondamentalisme : le religieux à travers l’islam radical ; l’économique à travers le tout-marché ; le politique à travers la démocratie formelle, corrompue et corruptrice. » Paul Martial1. http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-ouest/mali/article/femmes-du-mali-disons-non-a-la
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