Publié le Jeudi 26 décembre 2024 à 09h30.

Nouvelles menaces sur la Fonderie de Bretagne

Fondeurs, oui ! Chômeurs, non ! Ce slogan résume la volonté des 350 salariéEs de la Fonderie de Bretagne à Caudan (56) qui luttent depuis plusieurs années contre les effets des restructurations de l’industrie automobile et pour le maintien de leurs emplois. Mais la décision de Renault de se désengager, annoncée vendredi 20 décembre, à la veille des fêtes, pourrait signer la fin de l’usine et le chômage pour ses salariéEs.

Le désengagement de Renault, principal client, s’inscrit dans une politique globale. Les constructeurs automobiles, à la recherche du profit maximum, et dans le cadre de la crise touchant tout le secteur, ont procédé depuis plusieurs années à l’abandon ou à l’externalisation de nombreuses activités et notamment des fonderies. Ils ont souvent fait le choix de délocaliser, entrainant des milliers de licenciements dans la branche malgré des luttes importantes. Celles-ci, faute de coordination, ont été défaites boîte par boîte.

Renault contraint de maintenir la production abandonne

Les salariéEs de la Fonderie de Bretagne ont une tradition de lutte ancienne. Avec leur syndicat CGT, ils ont réussi depuis 2009, par plusieurs grèves longues, à contraindre Renault à maintenir la production et donc l’emploi malgré une baisse des effectifs et la vente à des repreneurs — fonds d’investissement avides de profits rapides — bénéficiant de subventions publiques importantes. Engagées depuis quelques mois, les négociations avec un nouveau repreneur devaient permettre la poursuite de l’activité et sa diversification. La condition étant que Renault s’engage à fournir des volumes jusqu’en 2028 afin d’assurer la transition. Le constructeur vient donc de refuser ce geste, contraignant le repreneur à renoncer. La direction de l’usine annonce que les fonds disponibles ne permettront pas de maintenir l’activité au-delà de quelques mois, voire quelques semaines. Sous le choc, les salariéEs ont quitté l’usine et n’y reviendront qu’en début d’année. Une procédure de sauvegarde va être engagée par le tribunal de commerce.

Un État hypocrite

L’État, actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, révèle toute son hypocrisie lorsque le ministre de l’Industrie démissionnaire déplore l’attitude du constructeur. Comme le dit justement un responsable CGT de l’usine : « C’est Renault qui a la mainmise sur l’État, on a un État faible et il s’est engagé trop tard dans le dossier »1. De fait, l’État et le gouvernement sont au service des capitalistes et laissent faire comme le montrent récemment les vagues de suppressions d’emplois notamment chez Michelin à Vannes dans le même département où 300 licenciements vont avoir lieu. Seul un rapport de forces pourra leur imposer de maintenir les emplois.

Nul doute que début janvier, les salariéEs décideront des actions à mener. Les forces syndicales et politiques du Pays de Lorient devront les soutenir unitairement. Il n’y aura pas de solution durable sans mobilisation, sans mettre en avant la nécessité d’un moratoire ou d’une interdiction des licenciements, et sans chercher à imposer la réquisition-socialisation afin de garantir l’emploi et de préparer les transformations nécessaires des productions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Correspondant

  • 1. Rapporté par Ouest France du 20 décembre 2024.