Publié le Mercredi 14 avril 2021 à 09h46.

Une relance de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien ?

Après des semaines de spéculation, des négociations ont débuté le 6 avril à Vienne entre les représentants de l’Iran, de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Russie, de la Chine et de l’UE. Il s’agit probablement de la première partie d’un processus long et difficile visant à ramener les États-Unis dans l’accord nucléaire (Joint Comprehensive Plan of Action-JCPoA, de 2015) et à ouvrir la voie à l’annulation par l’Iran de sa récente augmentation du niveau d’enrichissement de l’uranium.

Les premiers signes indiquant que des pourparlers étaient en cours sont venus du secrétaire d’État américain Antony J. Blinken, qui a informé les ministres européens des Affaires étrangères, le 2 avril, que les États-Unis se joindraient à eux pour tenter de rétablir l’accord nucléaire de 2015, qui, selon lui, « était une réalisation clé de la diplomatie multilatérale ».

La question des sanctions

En réponse à cela, le ministère iranien des Affaires étrangères a maintenu la position initialement déclarée par le guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei, selon laquelle les Iraniens n’entameront pas de négociations « directes » avec les États-Unis tant que les sanctions qu’ils ont imposées ne seront pas levées. Selon le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, les États-Unis ont imposé, réimposé ou redéfini quelque 1 600 mesures de sanction contre l’Iran, infligeant des dommages économiques directs et indirects d’un montant de 1 000 ­milliards de dollars.

Bien que l’Iran souhaite que les sanctions soient levées avant toute négociation directe, on ignore comment les États-Unis entendent révoquer ces sanctions ou combien de sanctions devront finalement être levées avant que l’Iran n’accepte de revenir sur les conditions imposées au développement nucléaire du pays par le plan d’action global conjoint (JCPoA) concernant l’enrichissement de l’uranium. Selon l’envoyé spécial des États-Unis pour l’Iran, Robert Malley, qui dirige la délégation américaine à Vienne, son objectif est de « voir si nous pouvons nous mettre d’accord sur une feuille de route permettant aux deux parties de revenir à la conformité ». Il a déclaré que les États-Unis savaient qu’ils allaient devoir « lever les sanctions qui sont incompatibles avec l’accord conclu avec l’Iran ».

« Les travaux concrets ont commencé »

Le 3 avril, un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a rejeté une proposition des États-Unis de lever progressivement les sanctions imposées par l’administration Trump. Cependant, malgré la rhétorique des deux côtés, les gros titres indiquent déjà les objectifs de Vienne. Le 2 avril, ils racontaient tous la même histoire : « Les États-Unis et l’Iran conviennent de reprendre les négociations sur l’accord nucléaire » (Wall Street Journal) ; « La réunion de Vienne signale un nouvel élan pour relancer l’accord nucléaire iranien » (Politico) ; et « Accord nucléaire iranien : les États-Unis font les premiers pas vers le retour à l’accord avec des discussions la semaine prochaine » (Sky News).

Le premier cycle de négociations s’est achevé le 6 avril. L’ambassadeur russe auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov, a déclaré que ce cycle avait été « fructueux », deux groupes d’experts sur la levée des sanctions et les questions nucléaires ayant été chargés d’identifier des mesures concrètes pour aller de l’avant. Mikhaïl Oulianov a ajouté que les experts ont commencé leur travail immédiatement, mais a prévenu que le rétablissement de l’accord ne se ferait pas rapidement. Toutefois, « le plus important […] est que les travaux concrets visant à atteindre cet objectif ont commencé ».

Tout cela suit le schéma des négociations de 2015-16, lorsque des « équipes d’experts » traitaient les détails entre les réunions ministérielles. Et il est probable que les discussions aboutissent à un accord, car l’économie iranienne risque de s’effondrer totalement, en partie à cause des sanctions, tandis que de leur côté, les États-Unis ne veulent pas voir l’Iran devenir un allié de la Chine ou de la Russie.

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