Publié le Lundi 22 juillet 2024 à 10h00.

Après les urnes, le temps de la rue

Le résultat inattendu du Nouveau Front populaire aux élections législatives constitue un immense encouragement. Mais l’enlisement de cet été démontre d’un autre côté que la solution à la situation actuelle se situe plus que jamais dans la rue.

L’unité réalisée en quelques semaines par la gauche, « de Poutou à Hollande » – et même avec l’UCL et les syndicats –, est une forme de reconstitution éclair d’une structuration politique de la classe ouvrière. Comme lors des législatives de 2022 avec la NUPES, comme pendant la dernière bataille pour les retraites, les organisations ont su s’unir, sous la pression des attaques mises en place par la classe dominante et de la poussée de l’extrême droite. C’est un élément très positif, qui donne courage aux classes populaires et dans les organisations, qui reconstruit le goût de l’organisation collective et des batailles militantes.

 

Sortir de l’impasse

Mais cette unité n’a évidemment pas résolu grand-chose. En effet, le score de l’extrême droite n’en a été que faiblement diminué, et il est resté très haut avec 11 millions de voix pour l’extrême droite (9,5 millions pour la gauche, 9 millions pour la droite classique). Le danger de l’extrême droite, d’une alliance entre politiciens fascistes, bourgeoisie et forces de police, est toujours menaçant.

De plus, les désaccords au sein de la gauche en font une force difficilement capable d’apporter une solution à la situation. La paralysie autour de la proposition d’un·e Premier·e ministre montre deux écueils très dangereux : l’électoralisme qui conduit à vouloir absolument une candidature proche de son écurie pour préparer les municipales de 2026 et surtout la présidentielle de 2027, la volonté d’une partie de la gauche de trouver un accord avec une partie au moins des macronistes. Ces deux orientations nous mènent dans le mur.

En effet, Macron n’attend pas, il poursuit sa politique de casse sociale avec un décret permettant aux patrons viticulteurs de suspendre le repos hebdomadaire pendant les vendanges, avec la demande de Bruno Le Maire aux ministères de réaliser 5 milliards d'euros d'économies, et tandis que l’Union européenne, et la Cour des comptes dans la foulée, mettent en garde le futur gouvernement « pour déficit public excessif ».

Macron réalise un semi-coup d’État, refusant d’accorder le droit au NFP de former un gouvernement, reconduisant sa politique. Qui sait où cela mènera, avec une Assemblée nationale dans laquelle différentes alliances sont possibles.

 

Appliquer le programme du Nouveau Front populaire

Pour nous, l’essentiel est de faire appliquer le programme du Nouveau Front populaire : le SMIC à 1 600 euros net et les autres augmentations de revenus, l’abrogation de la réforme des retraites et des réformes de l’assurance chômage, l’abrogation de la loi immigration et la régularisation des travailleurs, des étudiants et des parents d’enfants scolarisés, l’abaissement du nombre d’élèves à 19 par classe, la suspension des projets d’autoroutes, de mégabassines, l’abandon de ParcourSup, etc. Mais aussi de rompre avec « le soutien coupable du gouvernement français au gouvernement suprémaciste d’extrême droite de Nétanyahou ».

Ces mesures ne changeraient pas radicalement la situation, mais elles permettraient d’améliorer significativement les conditions de vie de la population et ouvriraient une période de contre-offensive sociale. De plus, il faut poser le problème de la démocratie dans le pays, du fait que la Ve République permette au Président de bafouer de nombreux droits démocratiques, et il faut revendiquer une assemblée constituante.

Pour cela, il est nécessaire que le NFP se maintienne. Des actions ont lieu dès juillet, ce qui permet de maintenir la pression sur le pouvoir, et sur les appareils qui ne demanderaient pas mieux qu’un retour à une illusoire stabilité.

De toutes nos forces, sur les éléments du programme, nous voulons œuvrer à construire le NFP à la base, avec les partis, les syndicats, tous les collectifs militants de gauche, pour organiser une rentrée de luttes, avec des assemblées populaires à la base, des grèves, des actions de blocage. Le temps des urnes est derrière nous, la bataille parlementaire ne peut pas réussir sans rapport de force ; c’est notre rôle de construire ce dernier, pour engager concrètement la contre-offensive contre Macron et l’extrême droite.