Publié le Jeudi 20 septembre 2012 à 18h31.

Bernard Arnault en Belgique ? Qu’il y reste !

Après l’annonce que Bernard Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, avait demandé la nationalité belge, pourquoi pas un petit billet ironique, histoire de se moquer de ce parasite et fraudeur hors norme ? En fait, l’histoire du personnage provoque plutôt la nausée que la rigolade.Après des études à l’École polytechnique, il rejoint l’entreprise familiale en 1971 et en prend la tête sept ans plus tard. Avec l’arrivée de Mitterrand en 1981, Arnault manifeste déjà son aversion pour le paiement d’impôts en s’exilant aux USA pendant trois ans. Par contre, de retour en 1984, il prend des deux mains l’argent de nos impôts quand il négocie avec le Premier ministre Fabius un cadeau de deux milliards de francs pour l’aider à racheter le groupe Boussac.À partir de ce moment, rien ne l’arrête. Avec une série d’opérations boursières, il prend des parts dans différentes sociétés de luxe dont LVMH, puis, à l’aide des banques Lazard et Crédit Lyonnais, finit par prendre le contrôle de l’ensemble du groupe. Suivent des rachats de dizaines d’autres sociétés, ce qui lui permet en 2005 de devenir l’homme le plus riche de France et sept ans plus tard la quatrième fortune du monde, avec 41 milliards de dollars (deux millions d’années de Smic !). Et, jamais content, en 2010, au sujet de son ami belge Albert Frère, il disait : « je regrette de ne pas l’avoir assez suivi, car je serais beaucoup plus riche » !

Des amis qui en disent longAmi depuis longtemps de Nicolas Sarkozy – témoin au mariage avec Cécilia et présent lors de la fameuse soirée du Fouquet’s en 2007 – Arnault a également fait rentrer Bernadette Chirac au conseil d’administration de LVMH et a été personnellement responsable du recrutement du couturier John Galliano, lâché plus tard après une condamnation pour propos violemment antisémites. Moins connu, Arnault recrute aussi chez des gens de gauche, comme Hubert Védrine, ancien ministre de Mitterrand, ou Christophe Girard, salarié à LVMH et également adjoint à la culture de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris.

Pourquoi cette démarche en Belgique ?Pour payer moins d’impôts ? Pourtant, pour la plupart des très riches, il existe déjà de multiples combines pour payer très peu. L’idée, relayée par la droite, que les nouveaux impôts du gouvernement Hollande feraient fuir « nos grands patrons » est tout simplement fausse, comme le démontre une étude du syndicat des impôts, le SNUI. Depuis dix ans, le phénomène reste très marginal et n’est pas affecté par les changements de taux d’imposition. Ce geste d’Arnault n’est probablement qu’un simple signe de mépris de sa part et pour dire aussi au PS de ne pas aller trop loin dans un discours qui pourrait donner des idées à la population.Quant à l’idée que Bernard Arnault aurait « trahi » l’intérêt national, c’est tout aussi faux ; que ce soit Hamon qui trouve Arnault « pas très patriote », l’Humanité qui déplore qu’on « s’essuie les pieds sur notre bien commun, la République » ou Mélenchon qui dit que l’argumentation d’Arnault c’est « humiliant pour nous Français… » Des gens comme Arnault ne sont pas des « traîtres ». Ils sont, au contraire, très fidèles… à leurs propres intérêts et à ceux de leur classe.Alors soyons aussi fidèles à nos intérêts qu’eux aux leurs. Si les riches décidaient de partir, il faudrait effectivement leur dire « bon débarras ! » Mais un vrai gouvernement de gauche gèlerait leurs comptes et exproprierait leurs entreprises pour permettre leur redémarrage sous le contrôle des salariéEs. Autrement dit, et pour aller plus loin que Libération : « Les riches cons ? Qu’ils se cassent tous… mais nous on garde les thunes ! »Ross Harrold